lundi 31 août 2015

Habituation et sensibilisation : Apprendre au chien à gérer sa peur

Le titre n'est pas tout à fait juste mais je voulais faire relativement court. Il aurait été plus exact d'intituler cet article : Comment apprendre au chien à gérer sa peur par l'habituation ou comment aggraver le problème par la sensibilisation ?

La peur peut être une émotion difficile à gérer chez le chien. Son premier réflexe sera de fuir ce qui lui fait peur. Ce faisant, il ne fait pas face et ne permet pas à son organisme de s'adapter à la situation. À chaque fois qu'il sera confronté à la même situation, il connaîtra la peur ; et très probablement une intensification de celle-ci pouvant aller jusqu'à la phobie.

Chien calme, zen
source : http://monstone.centerblog.net

jeudi 27 août 2015

Chien qui mordille : contrôle et inhibition de la morsure

Ah le mordillement ; tout un poème !
Il est rare qu'un propriétaire de chien - surtout de chiot - n'ait jamais eu à subir ce comportement qui devient vite envahissant et pénible.
Autant le dire tout de suite, le mordillement est un comportement naturel chez le chiot. Et non seulement il est naturel mais il est aussi nécessaire.

Cet article vous aidera à comprendre pourquoi les chiots mordillent et vous expliquera différentes méthodes pour que ce comportement naturel ne devienne pas une mauvais habitude.

Chiot qui mordille un autre chiot
source : http://nosamisleschiens.fr

vendredi 21 août 2015

Dressage, éducation et renforcement positif

Voilà des termes qui reviennent souvent dès qu'il s'agit d'aborder le sujet des bons comportements à inculquer à son chien.

Y a-t-il une différence entre dresser et éduquer son chien ? Qu'implique exactement le renforcement positif ? Que sont les conditionnements opérants ? Quelle est la différence entre un dresseur et un comportementaliste ?
Autant de questions qui méritent qu'on s'attarde sur quelques explications pour y répondre. Cet article tente d'apporter un éclairage objectif à des termes qui, avec le temps, sont devenus des concepts moraux et subjectifs.

Chien et éducation
source : https://blog.dogbuddy.com

mardi 18 août 2015

Grand Dossier : Tout sur les croquettes

Les croquettes, c'est l'alimentation préférée des propriétaires de chien. Elle est généralement bon marché, facilement disponible et surtout très pratique. Mais le chien, lui, en tire-t-il un quelconque avantage ?

De quoi sont faites exactement les croquettes que nous pouvons trouver en grande surface, en magasin spécialisé voire même dans les cabinets des vétérinaires ? D'où proviennent les matières premières et de quelle nature sont-elles ?
Je vous propose donc une immersion complète à l'intérieur de ces boulettes. Et en parlant de boulette, ne sommes-nous pas en train d'en faire une grosse en nourrissant nos chiens ainsi ?

Croquettes or not croquettes ?
Il y a peut-être quelque chose de pourri au royaume de la pet food...

lundi 17 août 2015

Le chien est-il carnivore ou omnivore ?

Ne vous méprenez pas sur l'apparente simplicité de cette question, ou de ce que pourrait être la réponse la plus évidente. Carnivore ou omnivore, il existe des arguments dans les deux cas.
Cette question contenue dans le titre de cet article amène en fait beaucoup d'autres questions auxquelles il est indispensable d'apporter un éclairage avant de pouvoir répondre.


chien et viande crue
source : http://canineculinaryacademy.com/
Savoir si le chien est un carnivore ou un omnivore est très important car cela permet de déterminer quelle est l'alimentation la plus adaptée à ses réels besoins et à sa nature de chien.

Et cette question de l'alimentation est d'autant plus importante à l'heure où la majorité des chiens est nourrie essentiellement avec des céréales, des sous-produits animaux et des sous-produits végétaux. Autant d'ingrédients qui composent la plupart des croquettes.

Qu'est-ce qu'un chien ?

Comprendre ce qu'est la nature d'un chien d'un point de vue zoologique et physiologique est indispensable pour aborder la question de l'alimentation.

Un chien est un canidé. À ce titre, c'est un mammifère carnivore terrestre à molaires antérieures tranchantes et postérieures broyeuses, aux griffes émoussées, vivant en sociétés, tel que le loup, le chien, le coyote, les chacals et les nombreuses espèces de renard. (1)

Le chien est donc aussi un carnivore. Les carnivores se distinguent par une mâchoire et une denture qui leur permet de tuer et de manger d'autres animaux. On parle notamment de carnassière pour désigner cette dent qui sert aux carnivores à déchirer la viande. Quant aux canines, on les désigne sous le nom de crocs. Elles servent à se planter dans la proie pour la tuer.
Le régime alimentaire naturel d'un carnivore est donc essentiellement composé de chair crue.

dent carnassière chez le chien
Dent carnassière d'un chien - source : https://fr.wikipedia.org/

La domestication n'a-t-elle pas fait évoluer le système digestif du chien ?

Le chien a évolué pendant des milliers d'années de domestication. Sa denture est toujours celle d'un carnassier mais son système digestif, au contact de l'homme, a su s'adapter à des régimes alimentaires plus variés que ceux d'un carnivore sauvage. Alors le chien est-il toujours un carnivore ?
Et c'est là que les ennuis commencent...

Certains vétérinaires qualifient le chien d'omnivore. C'est notamment le cas des docteurs en médecine vétérinaire Pibot, Biourge et Elliott. (2)
En creusant un peu, on constate que :
- le Dr Pibot est responsable des éditions scientifiques et communication pour le groupe Royal Canin
- le Dr Biourge est directeur scientifique nutrition-santé pour le centre de recherche Royal Canin
- le Dr Elliott est directrice scientifique Royal Canin aux États-Unis

Quelle objectivité peut-on attendre de ces vétérinaires ? Sachant qu'ils travaillent tous les 3 pour un acteur majeur de l'alimentation industrielle, grand spécialiste de la croquette bourrée de céréales.
Je n'affirme pas que ces vétérinaires ne savent pas de quoi ils parlent, je soulève juste que leurs propos s'accordent plutôt bien avec les intérêts de leur employeur et des produits qu'ils fabriquent.
Du reste, dans un précédent article intitulé Croquettes : lobby et malbouffe pour les chiens, j'avais déjà abordé les rapprochements entre pet food et vétérinaires.

Mais bon, après tout faisons fi des a priori pour approfondir cette histoire de chien carnivore ou omnivore.
  • Nous avons vu plus haut que le chien est "équipé" comme un carnivore. Phylogénétiquement, il reste un mammifère carnassier.
  • Son tube digestif relativement court est plus représentatif de ce que l'on trouve chez les carnivores.
  • Le chien n'a aucun besoin de glucide. Le chien tire l'essentiel de son énergie des protéines animales et des lipides.
  • Il existe des animaux carnivores et omnivores. L'ours et le raton laveur, par exemple.
  • Contrairement aux loups et aux chiens sauvages, le chien peut digérer les glucides mais sous certaines conditions (cuisson, petite quantité). Le pancréas peut produire les enzymes digestives nécessaires mais une alimentation riche en glucides entraînera une surproduction enzymatique du pancréas.
  • Les molaires postérieures du chien sont plates (dites molaires broyeuses) ; ce qui indiquerait plutôt une tendance omnivore. Mais le chien ne se sert pas (ou peu) de ses molaires pour écraser la nourriture. Contrairement aux omnivores, la salive du chien ne contient pas d'enzyme digestive. De fait, il a plutôt tendance à avaler rapidement sa nourriture car sans nécessité digestive de la mélanger à la salive.
  • La mâchoire du chien, contrairement aux omnivores et aux herbivores, ne s'articulent que de bas en haut.

Les points précédents permettent de dire que le chien reste donc très majoritairement un carnivore avec une petite tendance à l'omnivorie. On parle alors plus volontiers de carnivore non strict.
Bien qu'il soit capable de métaboliser des végétaux et d'en tirer de l'énergie, son métabolisme le prédispose à tirer avant tout cette énergie des protéines et des lipides d'origine animale.


Si vous le voulez bien, partons simplement des postulats suivants.
  1. Dans carnivore non strict il faut comprendre qu'avant tout, le chien est un carnivore.
  2. Contrairement aux protéines et aux lipides, le chien n'a AUCUN besoin de glucide. En bon canidé qu'il est, le chien peut même fabriquer son propre glucose par néoglucogénèse (les acides aminés proviennent essentiellement des protéines des muscles. Ils peuvent être transformés en intermédiaires de la glycolyse, et peuvent donc mener à la formation de glucose). (3)
  3. Une alimentation riche en glucides (même après cuisson) entraîne une sur-production enzymatique au niveau du pancréas. Cela entraîne un ralentissement de la digestion, qui entraîne la fermentation d'une partie des aliments dans l'intestin, qui entraîne des gaz et encourage des troubles digestifs (diarrhées chroniques, pancréatites, insuffisance pancréatique et augmentation des risques de torsion d'estomac). (4)
  4. L'estomac d'un chien met entre 4 et 7 heures pour se vider à partir d'une alimentation riche en viande. Avec un repas sec riche en céréales (la grande majorité des croquettes sont concernées), il lui faudra 15 heures. (5

En conclusion

Le chien domestique n'est pas un loup ou un chien sauvage, c'est certain. Pour autant, tout indique qu'il peut recevoir exactement le même régime alimentaire que les canidés sauvages : des proies crues.
Je n'ai encore rien vu qui puisse s'opposer à ce simple constat. Ceci est un point très important à retenir quand on aborde la question de l'alimentation du chien.

Attention donc à l'industrie alimentaire pour animaux de compagnie et à certains vétérinaires employés par cette industrie qui tenteraient de véhiculer l'idée que le chien se classe parmi les omnivores.
Sa qualification de carnivore non strict ne justifie en rien que la plupart des croquettes qui lui sont proposées contiennent 40 à 45% de glucides - fournis en grande partie par les céréales - et des taux très important d'amidon (glucide complexe). Mais on comprend mieux quand on sait que cet amidon est indispensable à la fabrication des dites croquettes. Indispensable pour le chien, absolument pas !



Références

  1. Canidé - définition Larousse - http://www.larousse.fr/dictionnaires/francais/canid%C3%A9/12696
  2. Encyclopédie de la nutrition clinique féline (p. 445) - Docteurs Pibot, Biourge et Elliott - http://www.ivis.org/advances/rcfeline_fr/A5213.0110.FR.pdf?LA=3
  3. Néoglucogénèse - Wikipedia - https://fr.wikipedia.org/wiki/N%C3%A9oglucogen%C3%A8se
  4. Le métabolisme digestif du chien - Docteur Duprez, chirurgien vétérinaire - http://www.daickoduboisdeliers.fr/metabolisme%20digestif.htm
  5. Physiologie digestive - Docteur Ferran, vétérinaire - http://physiologie.envt.fr/spip/IMG/pdf/Phys_digest_7.pdf

dimanche 9 août 2015

Anxiété de séparation, hyperattachement et détachement

Si votre chien présente des signes de sur-dépendance affective et qu'il ne supporte pas vos absences, les réponses que vous cherchez se trouvent peut-être ici.

Entre l'animal de compagnie et son propriétaire humain, il y a avant tout une histoire d'affect. Mais là où l'humain est dans un besoin affectif quand il décide de prendre un animal pour compagnon, le chien, lui, est avant tout dans une nécessité biologique d'attachement.
Comme le suggèrent Raymond et Lorna Coppinger dans leur livre Dogs : A New Understanding of Canine Origin, Behavior and Evolution, si le chien domestique venait à disparaître, cela ne menacerait pas la vie humaine. En revanche, si l'homme venait à disparaître, la vie du chien domestique serait menacée dans sa forme actuelle.
chien anxieux
source : http://www.ovenbakedtradition.com

Qu'est-ce que l'anxiété chez le chien ?

Il n'est pas toujours simple de définir ce qu'est l'anxiété car il faut d'abord faire la différence entre ce qu'est une émotion, ce qu'est un sentiment et ce qu'est une humeur.

Avec quelques exemples
- La peur est une émotion
- La crainte est un sentiment
- L'anxiété est une humeur

- La colère est une émotion
- La haine est un sentiment
- L'irritation est une humeur (on parlera surtout de mauvaise humeur)

- La joie est une émotion
- L'amour est un sentiment
- La gaieté est une humeur (on parlera surtout de bonne humeur)

L'émotion est brève, intense et impulsive.
Le sentiment est durable et de plus faible intensité que l'émotion. Il est lié aux représentations cognitives et est souvent dirigé vers un "objet" précis (personne, lieu, contexte, événement, etc.).
L'humeur est un état général prolongé et de plus faible intensité qu'une émotion. Il n'est pas spécifiquement dirigé vers un "objet", contrairement aux sentiments.

L'anxiété est donc une humeur.
L'humeur est avant tout biochimique et influence la perception comme les comportements.
En venir à parler de troubles de l'humeur revient surtout à parler d'hyperthymie (excès d'humeur - euphorie ou dysphorie) ou d'hypothymie (insuffisance d'humeur). L'anxiété est une hyperthymie dysphorique.

De manière générale, l'anxiété est un état réactionnel prolongé qui peut être dû à ce que le chien perçoit comme une menace, une impossibilité, une frustration, un inconfort, un malaise, une incertitude ou encore  l'inconnu. Toutes ces situations peuvent générer du stress. Celui-ci, par le biais d'une réaction psychophysiologique, doit normalement permettre à l'organisme de se protéger et de s'adapter face à un élément extérieur déclencheur (stresseur) et menaçant son équilibre. Si l'organisme ne parvient pas à se rééquilibrer pour faire face, cela peut déclencher un trouble de l'humeur. Le stress peut donc générer de l'anxiété. Reste à savoir si le stress est indispensable pour cela ou si l'anxiété peut être déclenchée et entretenue sans stress. Les avis semblent diverger sur ce point.

N'importe comment, l'anxiété est un état invalidant pour le chien car celui-ci, par la perturbation et le déséquilibre de son organisme, se retrouve dans l'incapacité de s'adapter à son environnement.
Les manifestations les plus fréquentes de l'anxiété sont :
- les vocalises (gémissement, hurlements, aboiements)
- le grattage pour tenter de trouver une issue
- le léchage intensif
- les déambulations
- la malpropreté
- la destruction
- le manque d'appétit

Il est à noter que pour certains comportements et autres activités substitutives, le chien anxieux peut avoir du mal à les stopper (c'est aussi le cas des chiens hyperactifs). C'est comme s'il se retrouvait à devoir répéter les mêmes mouvements en attendant de trouver une solution ou de recevoir un signal qui ne vient pas.
On distingue une séquence comportementale en 3 phases distinctes. La phase stimulante, la phase consommatrice et la phase d'arrêt. Certains chiens anxieux semblent bloqués en phase consommatrice.

Qu'est-ce que l'anxiété de séparation ?

L'anxiété de séparation va de paire avec l'hyperattachement (voir plus loin). Cela dit, quand il est rapporté qu'un chien souffre d'anxiété de séparation parce qu'il détruit, devient malpropre, aboie ou essaye de fuguer en l'absence de son propriétaire, il peut s'agir d'anxiété mais pas forcément d'anxiété de séparation.
Une fois le chien livré à lui-même pendant une longue période, il peut très bien connaître une intense frustration due au manque d'activité. Et cette frustration peut conduire à des activités substitutives par besoin de compenser.

Dans le cas d'une véritable anxiété de séparation, le chien souffre d'être trop dépendant affectivement. Il n'arrive pas à être autonome, et en l'absence de son propriétaire, son être d'hyperattachement, le chien se retrouve perdu, désemparé, anxieux.
Cet état est comparable à celui de jeunes chiots qui, une fois éloignés de leur mère, peuvent se mettre à gémir pour l'appeler et la faire revenir parce qu'ils sont perdus sans elle. Mais cette hyperattachement à la mère dans les premières semaines de vie d'un chiot va devoir rapidement diminuer après le premier mois.
Le sevrage aura débuté, et la mère va initier le détachement en tant que processus progressif, naturel et nécessaire au devenir du chiot en tant qu'adulte capable et équilibré.
C'est pour cette raison que l'hyperattachement est aussi caractéristique d'un infantilisme chez le chien.

À quoi reconnaît-on l'hyperattachement ?

Plusieurs signes, mis bout à bout, permettent généralement de conclure à un hyperattachement.
  • Dès que l'être d'attachement s'éloigne, le chien cherchera à le rejoindre au plus vite. De manière générale, il cherchera à être en permanence au contact de son être d'attachement
  • Il ne supporte pas d'être séparé ou alors pas trop longtemps
  • Si une porte se ferme pour l'empêcher de passer, il pourra se mettre à gémir et/ou à gratter
  • Il a des comportements excessifs dès que l'être d'attachement réapparaît. Ce qui peut s'accompagner par quelques gouttes d'urine
  • Il est facilement en état d'hypervigilance au moindre mouvement
  • Il mange le plus vite possible si sa gamelle est éloignée du lieu où se trouve l'être d'attachement
  • Il tente d'établir un maximum de contacts physiques
  • Il est de nature agitée, en excès, a du mal à se canaliser
  • Et il manifeste tous les symptômes de l'anxiété de séparation dès que son être d'attachement n'est plus là

Tous ces comportements vont à l'encontre du développement normal chez le chien. Où celui-ci aurait dû normalement apprendre à se détacher pour devenir plus autonome. Ce qui passe par une meilleure gestion des états émotionnels et par la capacité à pouvoir accomplir certaines tâches seul (se nourrir, se défouler dans le jardin, dormir, jouer).

Certes, le chien sera toujours un animal dépendant. Mais il lui est aussi possible de basculer dans une sur-dépendance affective. Ce qui est nuisible à lui comme à la relation.

Pourquoi apprendre au chien à se détacher ?

C'est une question compliquée pour nombre de propriétaires parce que la présence d'un animal de compagnie répond avant tout à un besoin affectif chez l'homme. Et on attend donc des chiens qu'ils soient attachés à nous comme nous sommes disposés à être attachés à eux.
Cette dépendance affective de la part de nos chiens nous rassure, nous satisfait. Ce faisant, nous les entourons parfois de trop d'attention, de trop de protection et de trop nombreuses marques d'affection. Et ce qui était au départ une dépendance bien naturelle devient une sur-dépendance handicapante et infantilisante pour le chien.

Il est donc tout à fait possible de maltraiter psychologiquement un chien par un trop plein d'amour de notre part. Ceci est expliqué plus précisément et longuement dans l'article : Du manque affectif à la maltraitance psychologique.

Il est alors primordial de comprendre la nécessité biologique du détachement.

Ce détachement est initié par la mère au début du sevrage. Il se poursuivra progressivement jusqu'aux alentours du 4ème mois. Entretemps, la mère aura mis fin à certaines habitudes comme le fait que les chiots dorment avec elle, qu'ils se nourrissent auprès d'elle, qu'ils la suivent partout et qu'ils la sollicitent tout le temps. Elle finira par ne plus du tout tolérer certains comportements.
Peu à peu, les chiots vont devoir apprendre à se gérer, à aller au contact des autres chiens, à explorer et à expérimenter par eux-mêmes.
Cet attachement indispensable au tout début de leur vie et maintenant bel et bien révolu. Cela permettra à ces chiots un naturel développement psychologique qui participera à en faire des adultes équilibrés et un tant soit peu autonomes.

Il n'y a non seulement aucune raison de procéder autrement avec un chiot que l'on vient d'adopter mais en plus, il est salutaire de respecter ce détachement. Malheureusement, de nombreux propriétaires semblent ignorer - parfois volontairement - ce processus pourtant naturel et nécessaire.

Sauf cas extrêmes, un chien sera toujours attaché à son propriétaire. Il ne faut donc pas craindre de se montrer parfois distant, d'interdire l'accès à certaines ressources (notamment affectives), de ne pas répondre aux exigences de sollicitations et de laisser faire le chien dans certaines situations sans chercher à être trop présent voire à le surprotéger. En cas de rencontre avec un autre chien, par exemple.
Il faut l'aider à grandir et non le maintenir à l'état psychologique de chiot ; même si cela peut être rassurant de voir son chien si dépendant et attaché. Parce que cela veut dire qu'il a besoin de vous, comme un enfant a encore besoin de ses parents.

Cela dit, le chien n'est pas un enfant. C'est un chien. Et il grandit vite ! Il a certes besoin de vous mais pour être guidé et non étouffé.

dimanche 2 août 2015

Les comportements d'agression chez le chien

Il existe de multiples situations pendant lesquelles un chien peut adopter des comportements d'agression. Mais avant d'entrer dans les détails de chacune de ces situations, il convient de clarifier ce qu'est un comportement d'agression.

Jusque dans une certaine mesure (voir plus loin La pulsion agressive), les comportements d'agression chez le chien sont parfaitement normaux ; en ce sens qu'ils ne sont pas caractéristiques d'un trouble comportemental. Cela étant, des troubles comportementaux peuvent conduire à des comportements d'agression. Encore faut-il faire la distinction entre un véritable trouble comportemental de type psychogène et ce que l'on peut prendre pour un trouble comportemental alors que le chien ne fait qu'exprimer à sa manière ce qui ne lui convient pas.
Du reste, cette distinction est à faire pour l'ensemble des comportements du chien.



Chien montrant les crocs
source : http://lesurvivaliste.blogspot.fr/

Que sont les comportements d'agression ?

Quand un comportement d'agression se manifeste, il n'y a pas forcément agression derrière. En fait, on peut même dire que la plupart des comportements d'agression sert justement à éviter l'agression. Ils participent avant à tout à un besoin de communiquer et de réduire/éviter les conflits.

Il ne faut pas confondre les comportements d'agression avec les comportements agonistiques.
Les comportements agonistiques incluent des comportements d'agression qui se manifestent aussi bien intraspécifiquement (entre individus de la même espèce) qu'interspécifiquement (entre individus d'espèces différentes) et le plus souvent sous forme de rituels. Dans les comportements agonistiques, il faut aussi inclure le comportement de fuite. Dès lors qu'il y a fuite, il n'y a plus de comportement d'agression.

En éthologie, les comportements d'agression englobe toutes les manifestations de l'attaque, de la défense et de la menace.

Les comportements d'agression peuvent impliquer la dominance (conflit/compétition impliquant au moins 2 individus et l'accès à une ressource ou sa préservation) mais en aucun cas, en ce qui concerne le chien domestique, ils ne peuvent résulter d'un caractère dominant (dominant n'est pas un trait de caractère) ou d'un chien dominant (la hiérarchie de dominance n'existant pas pour le chien domestique, il ne peut y avoir de chien ayant le statut de dominant). Plus de précisions à ce sujet dans l'article : Mythe : hiérarchie de dominance entre l'homme et le chien.

Les comportements d'agression ne sont pas à confondre avec la prédation.
La prédation correspond à des patrons-moteurs (comportements innés déclenchés par un stimulus) qui sont découpés en différentes séquences :
- observation
- traque
- poursuite
- capture
- mise à mort
- transport de la proie
- ingestion.

La prédation vise à se rapprocher pour ensuite capturer là où, dans la plupart des comportements d'agression, il s'agit de mettre/garder à distance.
Les comportements d'agression sont essentiellement d'ordre social et communicationnel là où la prédation n'implique que prédateur et proie ; où le premier n'est motivé que par une ressource alimentaire qui est, chez le chien domestique, une motivation surtout instinctive et non un besoin vital. La prédation n'implique surtout pas de communication. C'est même exactement l'inverse avec des prédateurs qui feront tout pour ne pas signaler leur présence.

Les comportements d'agression se découpent principalement en trois phases :
  1. phase se menace
  2. phase d'agression
  3. phase d'arrêt

1. La phase de menace

Elle est caractérisée par différents comportements qui visent à communiquer par avertissement.
Grogner, montrer les crocs et aboyer sont des comportements de menace.
Les aboiements peuvent être des menaces comme ils peuvent être tout autre chose. Cela va dépendre de leur tonalité, de la répétition dans chaque séquence d'aboiements et de l'espacement entre ces séquences.
Les postures jouent aussi un rôle important dans la phase de menace. Elles peuvent être hautes ou basses selon le contexte, la personnalité ou encore les émotions. La peur n'engendre pas les mêmes postures que la colère.

2. La phase d'attaque

Elle est caractérisée par le fait qu'aucun des individus impliqués n'a cédé le moindre terrain.
- Cela peut être dû à un manque de compréhension des comportements de menace (ce qui est fréquent entre des espèces différentes qui n'ont pas le même mode de communication),
- Cela peut être dû à une motivation égale à accéder à une ressource (sexuelle, alimentaire, de confort, d'affection, ludique) ou à une motivation égale entre celui qui cherche à préserver sa ressource et celui qui cherche à se l'approprier,
- Cela peut être tout simplement dû au fait que la menace qui avait pour but la mise à distance a eu l'effet l'inverse en engendrant un réel conflit.

3. La phase d'arrêt

Elle se manifeste quand l'un des individus renonce à se battre.
Un chien qui se couche sur le dos et reste immobile adopte ainsi une posture de soumission pour signifier à l'autre qu'il souhaite l'arrêt des hostilités. Ce comportement est à l'initiative de celui qui capitule et non le résultat d'une soumission forcé par celui qui veut continuer.

Les principaux contextes des comportements d'agression

Il peut y avoir de multiples raisons pour lesquelles un chien peut adopter un comportement d'agression.
En plus des éléments extérieurs qui vont provoquer ces comportements, il faut aussi y inclure une dimension ontogénétique. C'est à dire l'ensemble des caractéristiques d'un individu qui vont participer à son développement depuis sa conception jusqu'à sa vie adulte (l'inné et l'acquis). Mais le phénotype comportemental (comportements hérités génétiquement) jouera sans doute un moindre rôle par rapport à tous les facteurs environnementaux qui vont façonner le développement psychologique d'un chien.
Sur ce dernier point, la socialisation - primaire comme secondaire - va jouer un rôle très important dans les comportements d'agression.

Voici quelques exemples de contextes pour lesquels ont peut observer des comportements d'agression
  1. L'agression de compétition
  2. L'agression de distancement
  3. L'agression de socialisation/éducative
  4. L'agression d'irritation
  5. L'agression de défense des autres
  6. La pulsion agressive

1. L'agression de compétition

L'agression de compétition se manifeste toujours par rapport à une ressource. Ressource qui sera essentiellement sexuelle, ludique, alimentaire, de confort ou encore d'affection.
Il y a compétition à partir du moment où un chien tente de s'approprier une ressource qui est détenue par un autre ou qu'il cherche à préserver une ressource acquise qu'on veut lui (re)prendre.

La notion de propriété est assez claire chez les chiens.
Ce qu'il est parvenu à prendre est à lui. Si cette ressource reste très proche de lui, elle est toujours à lui et il peut dans ce cas chercher à défendre son bien. Ce qui peut entraîner compétition et comportements d'agression.
La manifestation d'un comportement d'agression est beaucoup moins probable si ce que le chien avait pris auparavant est désormais éloigné de lui et qu'un autre se l'approprie.
Prenez un os de la gueule d'un chien et prenez le un fois que le chien s'en est éloigné, vous verrez que son comportement, dans bien des cas, ne sera pas le même.
Dans le deuxième cas, il n'y a pas eu compétition pour acquérir cette ressource.

2. L'agression de distancement

Cette agression a pour but de maintenir un autre individu à distance ou de faire en sorte qu'il s'éloigne car une zone de sécurité a été franchie ou la fuite n'est plus possible.
Certains chiens vont rester sur place ou faire à peine quelques pas en espérant que l'autre s'éloigne après l'avoir menacé (grogner, montrer les crocs, aboyer, adopter une posture adéquate).
D'autres vont se mettre à courir comme s'ils poursuivaient une proie, ou à reculer pour conserver une distance de fuite raisonnable.

3. L'agression de socialisation/éducative

Dans la plupart des cas, il s'agit d'agressions simulées et très ritualisées afin d'inculquer aux chiots les règles de vie dans un groupe social.
Ce type d'agression a surtout pour vocation d'apprendre aux chiots à se calmer (par immobilisation), à mieux contrôler leur geste et leur morsure et à mieux communiquer/interagir avec leurs congénères. Il est à noter que même si la manifestation de ces comportements éducatifs se fait sans réelle agressivité, les chiots sont tout de même parfaitement capables d'en comprendre tout le sens très vite.

Les comportements simulés sont très présents chez les chiens. Leurs jeux favoris sont des jeux de bagarre et/ou de poursuite ; ce qui n'est jamais qu'un tentative de reproduction de situations réelles.
Le jeu est sans doute le contexte le plus favorable pour que le chien puisse expérimenter et apprendre.

4. L'agression d'irritation

Ce type d'agression peut se manifester si on cherche à prendre une ressource au chien (voir L'agression de compétition) mais aussi si le chien subit une situation contraignante ou aversive.
Marcher sur sa queue, tirer ses poils, le déranger pendant qu'il dort/mange, le forcer à la soumission, le frapper, le menacer, le câliner trop fortement, crier, s'énerver, la douleur, etc.
Toutes ces situations peuvent conduire à des comportements d'agression par irritation.

5. L'agression de défense des autres

Le chien n'est pas directement menacé mais rien ne l'empêche de vouloir défendre les autres (membres intra ou interspécifique du même groupe social ou des individus - peu importe l'espèce - extérieurs au groupe). S'en suit généralement un comportement d'agression de distancement.

6. La pulsion agressive

Dans la plupart des cas, les comportements d'agression sont des comportements réactifs. C'est à dire que le chien réagit à quelque chose qui ne lui convient pas et qui va le pousser à avertir (menacer), à se défendre ou à attaquer. En supprimant l'élément de cause on supprime la conséquence : le comportement d'agression.
Dans d'autres cas, il peut s'agir de pulsions agressives. C'est à dire que le chien est à l'initiative de l'agression ; et ce, sans qu'il y ait forcément d'éléments objectivables pour en expliquer la raison. Ce type de chien est imprévisible et dangereux.
Il est dans leur nature d'être agressifs sans que cela soit à imputer à une race ou à un croisement. Il existe certes des prédispositions génétiques aux comportements d'agression chez certains individus mais les facteurs environnementaux sont davantage déterminants pour façonner des individus aux pulsions agressives.

Faut-il donner des médicaments au chien pour le calmer et qu'il soit moins agressif ?

En premier lieu, la réponse est non !
À moins d'avoir affaire à un vétérinaire-comportementaliste, les comportements d'agression ne sont pas du ressort des vétérinaires. Malgré cela, certains peuvent tout de même être tentés de vous faire une prescription pour des médicaments de type psychotrope.
Avant d'en venir à ce genre d'extrémité, préférez voir un comportementaliste.

Faut-il dresser un chien pour inhiber ses comportements d'agression ?

Plutôt non que oui.
D'abord parce que le chien n'est pas forcément responsable et qu'il ne fait que réagir en chien. Or le dresseur va avant tout agir sur le chien ; même si cela peut s'accompagner de conseils donnés à son propriétaire.
Il importe avant tout autre chose de comprendre ce qui cause ce comportement avant de se pencher sur quoi faire pour éviter cela. D'abord la cause, après la conséquence. Cette approche est davantage celle d'un comportementaliste que d'un dresseur. Ça n'est pas une vérité absolue pour autant.

- Si je veux absolument arracher l'os de la gueule de mon chien et qu'il se met à grogner, il aura une bonne raison pour cela. La seule chose à faire est d'arrêter de vouloir lui arracher cet os et de le laisser tranquille.
- Si je le force à la soumission en l'obligeant à se coucher sur le dos et en le maintenant, là encore il aura des raisons de grogner. La seule chose à faire est d'arrêter de vouloir soumettre le chien et de commencer à l'encourager dans d'autres comportements plutôt que de punir ceux que l'on juge mauvais mais pour lesquels on ne se remet pas en question dans son rôle de guide.
- Si je le menace, lui crie dessus, le frappe ou utilise une quelconque autre forme de contrainte et/ou d'aversion, même chose. En arrêtant de recourir à ces méthodes, on évite aussi que le chien ressente le besoin de se défendre.
- Si mon chien grogne après des humains et/ou des chiens qu'il rencontre dans la rue, c'est peut-être qu'il est en manque de socialisation.

Faut-il stériliser un chien pour inhiber ses comportements d'agression ?

Non.
La castration n'est réellement efficace que pour moins d'un tiers des chiens mâles
(Neilson JC, Eckstein RA, Hart BL - Effects of castration on problem behaviors in male dogs with reference to age and duration of behavior)
Pour plus de détails, voir mon article : Castration et ovariectomie : avantages et inconvénients de la stérilisation.