Cette question contenue dans le titre de cet article amène en fait beaucoup d'autres questions auxquelles il est indispensable d'apporter un éclairage avant de pouvoir répondre.
source : http://canineculinaryacademy.com/ |
Et cette question de l'alimentation est d'autant plus importante à l'heure où la majorité des chiens est nourrie essentiellement avec des céréales, des sous-produits animaux et des sous-produits végétaux. Autant d'ingrédients qui composent la plupart des croquettes.
Qu'est-ce qu'un chien ?
Comprendre ce qu'est la nature d'un chien d'un point de vue zoologique et physiologique est indispensable pour aborder la question de l'alimentation.Un chien est un canidé. À ce titre, c'est un mammifère carnivore terrestre à molaires antérieures tranchantes et postérieures broyeuses, aux griffes émoussées, vivant en sociétés, tel que le loup, le chien, le coyote, les chacals et les nombreuses espèces de renard. (1)
Le chien est donc aussi un carnivore. Les carnivores se distinguent par une mâchoire et une denture qui leur permet de tuer et de manger d'autres animaux. On parle notamment de carnassière pour désigner cette dent qui sert aux carnivores à déchirer la viande. Quant aux canines, on les désigne sous le nom de crocs. Elles servent à se planter dans la proie pour la tuer.
Le régime alimentaire naturel d'un carnivore est donc essentiellement composé de chair crue.
Dent carnassière d'un chien - source : https://fr.wikipedia.org/ |
La domestication n'a-t-elle pas fait évoluer le système digestif du chien ?
Le chien a évolué pendant des milliers d'années de domestication. Sa denture est toujours celle d'un carnassier mais son système digestif, au contact de l'homme, a su s'adapter à des régimes alimentaires plus variés que ceux d'un carnivore sauvage. Alors le chien est-il toujours un carnivore ?Et c'est là que les ennuis commencent...
Certains vétérinaires qualifient le chien d'omnivore. C'est notamment le cas des docteurs en médecine vétérinaire Pibot, Biourge et Elliott. (2)
En creusant un peu, on constate que :
- le Dr Pibot est responsable des éditions scientifiques et communication pour le groupe Royal Canin
- le Dr Biourge est directeur scientifique nutrition-santé pour le centre de recherche Royal Canin
- le Dr Elliott est directrice scientifique Royal Canin aux États-Unis
Quelle objectivité peut-on attendre de ces vétérinaires ? Sachant qu'ils travaillent tous les 3 pour un acteur majeur de l'alimentation industrielle, grand spécialiste de la croquette bourrée de céréales.
Je n'affirme pas que ces vétérinaires ne savent pas de quoi ils parlent, je soulève juste que leurs propos s'accordent plutôt bien avec les intérêts de leur employeur et des produits qu'ils fabriquent.
Du reste, dans un précédent article intitulé Croquettes : lobby et malbouffe pour les chiens, j'avais déjà abordé les rapprochements entre pet food et vétérinaires.
Mais bon, après tout faisons fi des a priori pour approfondir cette histoire de chien carnivore ou omnivore.
- Nous avons vu plus haut que le chien est "équipé" comme un carnivore. Phylogénétiquement, il reste un mammifère carnassier.
- Son tube digestif relativement court est plus représentatif de ce que l'on trouve chez les carnivores.
- Le chien n'a aucun besoin de glucide. Le chien tire l'essentiel de son énergie des protéines animales et des lipides.
- Il existe des animaux carnivores et omnivores. L'ours et le raton laveur, par exemple.
- Contrairement aux loups et aux chiens sauvages, le chien peut digérer les glucides mais sous certaines conditions (cuisson, petite quantité). Le pancréas peut produire les enzymes digestives nécessaires mais une alimentation riche en glucides entraînera une surproduction enzymatique du pancréas.
- Les molaires postérieures du chien sont plates (dites molaires broyeuses) ; ce qui indiquerait plutôt une tendance omnivore. Mais le chien ne se sert pas (ou peu) de ses molaires pour écraser la nourriture. Contrairement aux omnivores, la salive du chien ne contient pas d'enzyme digestive. De fait, il a plutôt tendance à avaler rapidement sa nourriture car sans nécessité digestive de la mélanger à la salive.
- La mâchoire du chien, contrairement aux omnivores et aux herbivores, ne s'articulent que de bas en haut.
Les points précédents permettent de dire que le chien reste donc très majoritairement un carnivore avec une petite tendance à l'omnivorie. On parle alors plus volontiers de carnivore non strict.
Bien qu'il soit capable de métaboliser des végétaux et d'en tirer de l'énergie, son métabolisme le prédispose à tirer avant tout cette énergie des protéines et des lipides d'origine animale.
Si vous le voulez bien, partons simplement des postulats suivants.
- Dans carnivore non strict il faut comprendre qu'avant tout, le chien est un carnivore.
- Contrairement aux protéines et aux lipides, le chien n'a AUCUN besoin de glucide. En bon canidé qu'il est, le chien peut même fabriquer son propre glucose par néoglucogénèse (les acides aminés proviennent essentiellement des protéines des muscles. Ils peuvent être transformés en intermédiaires de la glycolyse, et peuvent donc mener à la formation de glucose). (3)
- Une alimentation riche en glucides (même après cuisson) entraîne une sur-production enzymatique au niveau du pancréas. Cela entraîne un ralentissement de la digestion, qui entraîne la fermentation d'une partie des aliments dans l'intestin, qui entraîne des gaz et encourage des troubles digestifs (diarrhées chroniques, pancréatites, insuffisance pancréatique et augmentation des risques de torsion d'estomac). (4)
- L'estomac d'un chien met entre 4 et 7 heures pour se vider à partir d'une alimentation riche en viande. Avec un repas sec riche en céréales (la grande majorité des croquettes sont concernées), il lui faudra 15 heures. (5)
En conclusion
Le chien domestique n'est pas un loup ou un chien sauvage, c'est certain. Pour autant, tout indique qu'il peut recevoir exactement le même régime alimentaire que les canidés sauvages : des proies crues.Je n'ai encore rien vu qui puisse s'opposer à ce simple constat. Ceci est un point très important à retenir quand on aborde la question de l'alimentation du chien.
Attention donc à l'industrie alimentaire pour animaux de compagnie et à certains vétérinaires employés par cette industrie qui tenteraient de véhiculer l'idée que le chien se classe parmi les omnivores.
Sa qualification de carnivore non strict ne justifie en rien que la plupart des croquettes qui lui sont proposées contiennent 40 à 45% de glucides - fournis en grande partie par les céréales - et des taux très important d'amidon (glucide complexe). Mais on comprend mieux quand on sait que cet amidon est indispensable à la fabrication des dites croquettes. Indispensable pour le chien, absolument pas !
Références
- Canidé - définition Larousse - http://www.larousse.fr/dictionnaires/francais/canid%C3%A9/12696
- Encyclopédie de la nutrition clinique féline (p. 445) - Docteurs Pibot, Biourge et Elliott - http://www.ivis.org/advances/rcfeline_fr/A5213.0110.FR.pdf?LA=3
- Néoglucogénèse - Wikipedia - https://fr.wikipedia.org/wiki/N%C3%A9oglucogen%C3%A8se
- Le métabolisme digestif du chien - Docteur Duprez, chirurgien vétérinaire - http://www.daickoduboisdeliers.fr/metabolisme%20digestif.htm
- Physiologie digestive - Docteur Ferran, vétérinaire - http://physiologie.envt.fr/spip/IMG/pdf/Phys_digest_7.pdf
Et oui... le cheval domestique, même si domestique, n'est pas devenu carnivore par le fait de la domestication. C'est toujours un herbivore (et pas un granivore! N'en déplaise aux lobbies!) Le chien est toujours un carnivore (non strict, mais carnivore)... Ils n'ont pas vraiment la bouche d'une poule! XD XD XD
RépondreSupprimerIl faudrait l expliquer AUX GENS CA ILS VEULENT PAS LE COMPRENDRE . CHAQUE ESPECE A SA SPECIFICITEE COMME LES VACHES
RépondreSupprimernim
r
uux
Les amis du golden retriever vous remercient pour votre article
RépondreSupprimerBonjour, j ai actuellement deux chiens :
RépondreSupprimerUn Chihuahua de 1 et 4 mois - 2,8kg
Un Petit Brabançon de 7 ans - 6 kg
Sont nourris depuis chiots aux croquettes ACANa - Dog Love et pâtés Dog Love.
Parfois je leurs donne des Abats de volailles crus.
Je n arrive pas a trouver sur internet exactement les Os charnus et viande à donner en Raw.
J aimerais avoir une liste complète à donner avec les quantités à mes chiens pour la viande crue et fraîche .
La je vais donner des cous agneau ou poulet ou queue de bœuf .
Merci de me faire une liste bien détaillée avec les quantités souhaitées pour eux .
J habite à Paris et je souhaite acheter en plus d fleurs croquettes de emploi en temps du frais et crus.
Sans les rendre ��.
Merci
Sur le site web B.A.R.F. http://www.b-a-r-f.com/ tu vas trouver toutes les réponses à tes questions sur l'alimentation crue. Bonne lecture!
SupprimerDepuis quelques temps je donne des sans céréales à mon chien qui a pris un peu de poids dans l'ignorance la plus totale je lui donnais du proplan ... Je suis passé aux croquettes Light... Mon chien a perdu son surpoid et a tout repris... Puis sans céréales sans succès wild of wilderness... c'est alors que je me suis intéressée aux composants de croquettes je suis passé au power of nature depuis deux mois avec transition lente je suis toujours à 50/60% car la différence du taux de glucides était importante.. Pour l'instant tout va bien mon chien les adore et son transit est bon . il commence à être plus svelte. Que pensez vous des power of nature qui affiche un taux glucidique de 10%? Ai je fais le bon choix merci.
RépondreSupprimerBonjour,
RépondreSupprimerVétérinaire doctorante en archéozoologie je m'intéresse à la question de l'évolution du chien au cours du temps et à ses relations avec l'Homme. Votre publication date un peu, aussi je voudrais la compléter en faisant référence à une étude menée par des généticiens sur 138 chiens et 35 loups anciens et actuels. Les recherches ont montré que vers 7000 ans avant notre ère, soit au moment de l'apparition de l'agriculture (et donc l'augmentation de la part des céréales dans l'alimentation des Hommes... Et donc des chiens !), le nombre de copies du gène amy-2B (permettant la production d'une enzyme, l'amylase, assurant la capacité à digérer l'amidon) a considérablement augmenté. Les chiens ont donc progressivement acquis la capacité à digérer les céréales, ce qui contribue à laisser penser que le régime du chien domestique n'est PAS un régime strictement carnivore mais un régime omnivore à TENDANCE carnivore. Le chien ne peut en aucun cas être assimilé à un animal sauvage puisque son existence est intrinsèquement liée à celle de l'Homme, de par sa définition : c'est une espèce qui n'a de sens que parce qu'elle entretient depuis le début des relations privilégiées avec l'Homme. S'il n'y avait pas d'Homme, le loup ne serait pas fait "apprivoiser" et n'aurait pas donné naissance aux premiers chiens.
Pour en savoir un peu plus : http://www.cnrs.fr/insb/recherche/parutions/articles2016/c-hitte.html
(le nom de la publication originale, publiée dans Science, est évoquée).
Après, ça ne résout pas le problème de la confiance que vous accordez en des chercheurs qui sont des pointes dans leur domaine, mais financés par des labos qui sont les seuls à s'intéresser à ces problématiques et donc à pouvoir permettre ces recherches.)
Bonjour.
SupprimerJ'avais entendu parler de l'étude sur l'amy2B que vous évoquez qui montre que les chiens modernes ont, selon les races, entre 2 et 17 fois plus de copies de l'amy2B que les loups. Et si l'on suppose que la capacité à digérer l'amidon est linéaire avec le nombre de copies de ce gène, ce qui semble réaliste, cela signifierait que les chiens modernes auraient, selon les races, la capacité de digérer 2 à 17 fois plus d'amidon que les loups. Même si cela reste à démontrer, c'est toutefois une hypothèse tout à fait crédible.
Par contre conclure que les chiens sont omnivores à tendance carnivore crée un biais sémantique. Dans la compréhension collective, l'omnivorisme signifie « manger de tout "dans des proportions du même ordre de grandeur" ». Autrement dit lorsque vous dites que le chien est omnivore à tendance carnivore, cela laisse à penser que la part protéinée doit être plus importante que pour l'humain par exemple mais que la quantité d'amidon qu'il peut ingérer est non négligeable. Or rien dans l'étude sur l'amy2B ne permet de conclure cela.
En effet, quel est le pourcentage d'amidon que le loup est capable d'accepter dans un régime équilibré pour lui ? Et donc partant de là, quel est la part que chaque race de chiens est capable d'accepter dans un régime équilibré pour elle ?
Prenons un exemple, admettons que le loup avec ses 2 copies de l'amy2B tolère 2% d'amidon dans son alimentation (je précise que je n'ai aucune idée des vrais chiffres), alors la race de chien ayant 4 copies pourrait supporter 4% d'amidon ?
Et celle avec 10 copies supporterait 10% d'amidon ? 5 fois plus que le loup mais on est encore loin de pouvoir parler d'omnivorisme au sens précisé ci-dessus.
Il faudrait donc pouvoir quantifier la part exacte d'amidon que l'on peut inclure dans l'alimentation de chaque race de chiens modernes (par des études indépendantes de tout conflit d'intérêt, évidemment) avant de pouvoir qualifier le chien soit d'« omnivore à tendance carnivore », soit comme dit dans l'article de « carnivore non strict ».
Enfin une question qui n'est pas abordée par l'étude de l'amy2B : le chien peut digérer plus d'amidon que le loup (le combien restant à quantifier) mais a-t-il besoin de cette amidon supplémentaire ? Autrement dit la santé du chien moderne va-t-elle pâtir d'une alimentation purement carnivore ? Car finalement la question initiale est de savoir quel type d'alimentation donner aux chiens. On peut raisonnablement supposer que l'augmentation du nombre de copies de l'amy2B sert juste à faciliter l'adaptation du chien à la société humaine mais n'est pas un besoin physiologique du chien. Et partant de là une alimentation de type carnivore serait sans effet néfaste ce qui est moins sûr d'une alimentation riche en amidon type omnivore.
Ma jeune chienne Braque de 32 Kg faisait tout le temps des diarrhées avec les croquettes Royal Canin et je suis passée sur JG (joyeuses gambades), avec pas de légumes et peu de céréales (nécessaires pour faire la coquette). Depuis (elle a 15 mois), elle n'a plus de diarrhées mais celà n'a pas fait cesser sa tendance à manger tout ce qu'elle trouve dans la nature: noix, fruits du chêne (on dirait un sanglier), baies de lierre, petits débris divers, crottin, bouse de vache, petites pommes sauvages. Je crois que ça s'appelle le Pica. Je suis obligé de lui mettre une muselière pour éviter les intoxications. Alors je me demande quand même si celà ne répond pas à un besoin, ou alors un dérangement comportemental (elle est par ailleurs adorable). je ne suis pas encore passé aux rations ménagères car ça revient très cher
RépondreSupprimerTrès bel et complet exposé mais à la fin on ne sait toujours pas si le chien est carnivore ou omnivore, vous "tournez autour du pot" et vous ne dites pas clairement le fond de votre pensée !!! j'ai perdu mon tps en lisant cet exposé qui n'a pas répondu à ma question
RépondreSupprimerBonjour,
SupprimerJe regrette que l'article n'ait pas répondu comme vous l'espériez sur ce sujet sensible. Il n'en demeure pas moins qu'une réponse est bien apportée.
Le chien est un carnivore non strict. Son métabolisme lui permet une plus grande variété que pour un carnivore strict. Cela étant, le chien domestique peut aussi recevoir exactement la même alimentation qu'un carnivore strict.
Merci pour cet article et pour le lien vers la parution du CNRS, très instructive. Le développement du gêne permettant la digestion des céréales montre bien que le système digestif du chien a évolué au contact de l'homme et qu'il a adopté pour survivre près de lui un régime alimentaire proche de celui des hommes
RépondreSupprimerJe vous remercie du fond du coeur d'avoir réparé une de mes récentes idée reçue ! Quelqu'un avait sorti cela (sur internet) et j'y avait cru, merci infiniment !
RépondreSupprimer