dimanche 20 septembre 2015

Les différences entre le loup et le chien

On compare bien souvent le chien au loup. Certes, ils se ressemblent beaucoup et peuvent avoir des comportements similaires. Pourtant, il existe d'importantes différences morphologiques et comportementales entre ces deux espèces. À tel point d'ailleurs que s'inspirer des loups pour savoir comment agir avec les chiens conduit dans bien des cas à appliquer des modèles d'interprétation et de relation qui n'ont aucun sens pour nos chers compagnons.
Je ne m'intéresserai ici qu'aux différences comportementales.

Image d'un chien et d'un loup

Différences comportementales entre le loup et le chien - par Raymond Coppinger

D'après le biologiste Raymond Coppinger - Conférence sur l'origine du chien (2005)
  • Le loup n'aboie pas. La différence précise avec l'aboiement du chien, c'est la fréquence du signal vocal d'alerte. Le loup émet un signal et s'en va ; le chien aboie plusieurs fois pour faire partir. Les deux signaux font partie du modèle moteur d'évitement du risque.

  • Le loup se reproduit en fonction des saisons. De l'été jusqu'en automne, les loups mâles sont en période de repos ; ils présentent alors une diminution de la grosseur des testicules. Ils sont incapables de saillir même si on leur présentait une louve ou une chienne en chaleur.

  • Le loup présente une période de socialisation possible jusqu'à 19 jours après la naissance. Les dresseurs qui utilisent des loups enlèvent d'ailleurs les louveteaux à la mère pour pouvoir les imprégner à eux en alimentant le bébé au biberon. Au delà de ces 19 jours, le loup ne deviendra jamais dressable. (chien 16 semaines).

  • Le loup ne mange pas en présence de l'être humain. Si vous jetez de la nourriture, il prend et s'en va plus loin, voir se cache pour pouvoir la manger. Les chiens de village ou les groupes sociaux de chiens mangent dans les décharges à proximité des l'être humain sans aucun problème.

  • Le loup a un comportement social de meute, le chien vit en groupe social. Les premiers ont un comportement de meute afin de coopérer durant la chasse pour tuer des grandes proies. Après la chasse, ils retournent à leur repaire afin de régurgiter la nourriture pour une seule portée de bébés. Habituellement, il n'est pas possible qu'un loup seul (ou deux loups) puisse tuer des grandes proies ou élever seul une portée de bébés. Ainsi, la meute, souvent composée de membres d'une même famille, travaille ensemble dans l'optique d'une stratégie de survie. Pour les chiens, les autres chiens ne sont d'aucune aide lorsqu'il s'agit de se nourrir ou de nourrir les bébés.

  • Le loup mâle est capable de régurgiter pour nourrir les petits, les chiens mâles ne s'occupent pas des chiots.

  • Chez les loups, on observe l'apparition de comportements spécifiques à l'espèce (comportements émergents) pendant la période juvénile, qui est en fait le moment de transition entre l'évolution du jeune vers l'adulte (entre 4 et 12 mois). Ils commencent à mettre en place le modèle moteur de recherche de nourriture en même temps que les comportements de meute. Ces comportements émergents n'existent pas ou très peu chez le chien du fait qu'il n'y a pas chez ce dernier le modèle moteur de recherche de nourriture, il n'existe plus ou très peu du fait que l'être humain lui donne à manger. La mère n'ayant plus besoin de chasser ni de régurgiter, il n'y a donc plus l'apprentissage des codes de vie en meute.

Remarques importantes

 Il n'est malheureusement pas rare d'entendre encore certains professionnels faire référence aux loups pour définir ce que doit être la structure sociale entre l'homme et le chien.
C'est ainsi que l'on peut entendre des conseils comme :
- Il faut que l'homme soit le chef de meute
- Il faut établir une hiérarchie claire avec son chien
- Il ne faut pas laisser le chien être dominant
- Il faut soumettre le chien pour lui faire comprendre qui est le chef
- Le chien est un animal de meute, il comprend tous ces codes

Cela fait des décennies que de telles absurdités sont conseillées aux propriétaires pour leur dire comment ils doivent vivre leur relation avec leur chien et comment ils doivent le traiter.

S'il fallait encore un peu plus de preuves invalidant totalement ces superstitions d'un autre âge et ce vocabulaire esclavagiste, les différences comportementales entre le chien et le loup sur les comportements de meute viendraient balayer les dernières miettes de doute à ce sujet :

le chien domestique n'est pas un animal de meute

jeudi 17 septembre 2015

Le terme dominant ne s'applique pas aux chiens domestiques

Suite à une discussion que j'ai eue hier sur l'usage du mot dominant à l'endroit des chiens domestiques, on m'a répondu que ce mot pouvait en effet être mal choisi mais que c'était un abus de langage sans importance. Qu'un simple mot, sans autre précision, n'avait aucune valeur.
Il se trouve que pour beaucoup, le mot dominant a pourtant bien une valeur qui peut être appliquée aux chiens domestiques. Et c'est là une profonde erreur.
Un chien grogne sur un autre
source : http://www.primitif-addict.com/

Quelles idées transmet-on en employant le mot dominant ?


Le problème avec le mot dominant est qu'il véhicule un certain nombre de mythes qui sont parfois pris pour des dogmes.
Les principaux concepts derrière le mot dominant sont :
  1. l'idée d'une hiérarchie
  2. l'idée d'un caractère affirmé qui, s'il n'est pas maté, peut amener à des comportements dangereux
  3. l'idée que le propriétaire n'a pas d'autorité ou qu'il doit se remettre en question pour en avoir une
  4. l'encouragement à ce que le propriétaire soit le chef de meute
D'une manière générale, la société n'aime pas les chiens qu'elle qualifie de dominants. Elle ne les tolère pas. Allant parfois jusqu'à culpabiliser les propriétaires pour leur manque d'autorité et de savoir-faire.
  • attention, si vous le laissez faire, il va prendre le dessus et sera irrécupérable
  • attention, s'il mange avant vous, il va se considérer comme le dominant. Ne faites jamais ça.
  • attention, ne le laissez pas tirer en laisse, il doit comprendre qu'il n'est pas le dominant
  • attention, si vous le laissez mordiller c'est qu'il vous domine
  • Ne le laissez pas passer la porte avant vous, il se considèrerait comme le dominant
  • Forcez le à se soumettre, il doit comprendre que c'est vous le dominant. C'est bon pour lui.
  • etc.

Dominant, un mot utilisé pour tout... et surtout n'importe quoi

Le mot dominant est devenu un fourre-tout dont se servent allègrement les uns et les autres pour qualifier le chien dans le moindre de ses comportements qui pourraient être jugés excessifs, intolérables ou encore nuisibles.
Ce faisant, non seulement on n'explique rien de cette manière aux propriétaires mais pire, on les conditionne à interpréter les comportements de leur chien d'après de vulgaires superstitions.

Un chien domestique n'est pas dominant.
Un chien domestique ne vit pas selon une hiérarchie de dominance
Il n'y a aucune nécessité à être le chef de meute
Dominant n'est pas un trait de caractère ; peu importe l'espèce
Aucun chiot, louveteau, gorillon ou lionceau ne peut être dominant

En fait, pour éviter de se tromper ou de tromper les autres, le mot dominant devrait être purement et simplement oublié quand on parle du chien domestique.
Ce simple mot va au-delà de l'abus de langage, c'est une trahison faite aux chiens.

Le mythe du chien dominant dans la relation homme-chien

Dans mon métier, je vois pas mal de propriétaires qui ignorent beaucoup de choses à propos des chiens tout en étant persuadés que certains de leurs comportements les désignent comme dominants.
Le problème n'est absolument pas leur méconnaissance, c'est leurs certitudes et tout ce qu'elles peuvent induire dans la relation homme-chien. Il a juste suffi qu'ils pensent ou qu'ils s'entendent dire que leur chien était dominant pour imaginer que cela pouvait justifier des maltraitances physiques et/ou psychologiques.
Ils n'ont d'ailleurs pas forcément conscience que ce sont des maltraitances. Certains pensent que c'est tout à fait normal et qu'un chien doit être soumis, quitte à user de force.

À ce sujet, il existe deux pratiques assez courantes. Prendre un chien par la peau du cou en le secouant et l'obliger à se mettre sur le dos tout en l'immobilisant ; ce qu'on appelle l'alpha roll. Et bien ces pratiques sont encore conseillées par certains professionnels pour éviter que le chien soit dominant. Il faut le soumettre à tout prix parce que c'est intolérable. C'est à l'homme d'être dominant et non au chien, pensent-ils sûrement.

De grands noms parmi les professionnels du monde canin se sont déjà largement exprimés sur le pouvoir de nuisance du mot dominant. De mon côté, je constate très fréquemment à quel point ce simple mot peut faire des ravages.
On fait porter au chien la responsabilité de quelque chose qui n'existe pas et on le maltraite pour ça !

Un article de Patrick Aufroy sur le chien dominant

J'emprunte à Patrick Aufroy ces quelques mots issus d'un article ( http://akita-inu-elevage-alsace.com/votre-chien-est-dominant/ ).C'est un peu caricatural mais en même temps, cela peut faire naître une belle réflexion sur l'utilisation du mot dominant.

P. = Propriétaire
E. = Éducateur
C. = Chien

P. "Mon chien tire, Mr l’éducateur"
E. "Et oui ma petite Dame c’est parce qu’il est dominant. On va lui mettre un collier étrangleur"
C. On met un collier étrangleur et le chien dit "Aie"…

P. "Mon chien tire toujours, Mr l’éducateur"
E. "Et oui ma petite Dame c’est parce qu’il est dominant. Faut mettre des coups de sonnette."
C. Le chien dit "Aie Aie"

P."Mon chien tire beaucoup quand il voit les autres chiens, Mr l’éducateur"
E."Et oui ma petite Dame c’est parce qu’il est dominant. Faut tirer plus fort."
C. Le chien dit "Aie Aie, Je les trouvais sympas les autres chiens mais plus je m’en rapproche, plus j’ai mal."

P. "Mon chien devient agressif avec les autres chiens, Mr l’éducateur"
E. "Et oui ma petite Dame c’est parce qu’il est dominant. On va lui mettre un collier électrique"
C. Le chien dit "Aieeeee chaque fois que je vois un autre chien, je prends une douleur terrible."

P. "Mon chien s’est retourné contre moi quand il a vu les autres chiens, Mr l’éducateur"
E. "Et oui ma petite Dame c’est parce qu’il est dominant. Je vous l’avais dit depuis le début. Vous avez parlé de l’euthanasie avec votre vétérinaire ?… "
C. Le chien dit …………

Si quelqu’un vous dit "Votre chien est dominant", vous n’avez qu’une chose à dire : "Au revoir, Monsieur"

Pour en savoir plus

Cet article ne fait que dresser un état des lieux sur l'usage du mot dominant.
Pour ce qui est de comprendre pourquoi le chien dominant et la hiérarchie, en tant que modèles d'interprétation des comportements canins, sont des concepts qui ne peuvent pas être appliqués aux chiens domestiques, je vous propose la lecture des articles suivants :

Mythe : Hiérarchie de dominance entre l'homme et le chien
Idées reçues sur le chien dominant

samedi 12 septembre 2015

Territorialité et marquage chez le chien domestique

Le chien est-il un animal territorial ? Le marquage urinaire est-il un marquage de territoire ?
Cet article, afin de pouvoir apporter des réponses à ces questions, se penche sur ce qu'est un territoire et ce que peut être la notion de territorialité pour le chien domestique.

Chien qui lève la patte pour faire son marquage urinaire
source : http://www.luckydoginteractive.com/

jeudi 10 septembre 2015

Comprendre les aboiements du chien et savoir quoi faire

L'aboiement est une vocalise qui fait partie du langage verbal du chien. Les raisons pour lesquelles un chien aboie sont multiples. Et en fonction de la raison, l'aboiement peut être modulé.
Il importe donc de comprendre ce que veut exprimer le chien avant de savoir comment réagir.

Un chien qui aboie
source : http://www.femmeactuelle.fr

jeudi 3 septembre 2015

Relation homme-chien : un duo gagnant/gagnant

Autant le dire tout de suite, il n'existe pas à mon sens une recette unique qui permettrait de garantir une bonne relation entre l'homme et le chien. Cela étant, il y a très certainement des choses à savoir pour mieux comprendre son chien ; et ainsi mieux identifier ce qui est un comportement normal chez l'espèce chien domestique et ce qui peut relever d'un véritable trouble du comportement.

Cet article n'a donc pas pour vocation d'édicter des règles à respecter absolument quand on a un chien mais simplement d'expliciter ce qu'est véritablement un chien et comment il peut s'intégrer dans un système social.

Relation entre homme et chien
source : http://www.vox-animae.com/

lundi 31 août 2015

Habituation et sensibilisation : Apprendre au chien à gérer sa peur

Le titre n'est pas tout à fait juste mais je voulais faire relativement court. Il aurait été plus exact d'intituler cet article : Comment apprendre au chien à gérer sa peur par l'habituation ou comment aggraver le problème par la sensibilisation ?

La peur peut être une émotion difficile à gérer chez le chien. Son premier réflexe sera de fuir ce qui lui fait peur. Ce faisant, il ne fait pas face et ne permet pas à son organisme de s'adapter à la situation. À chaque fois qu'il sera confronté à la même situation, il connaîtra la peur ; et très probablement une intensification de celle-ci pouvant aller jusqu'à la phobie.

Chien calme, zen
source : http://monstone.centerblog.net

jeudi 27 août 2015

Chien qui mordille : contrôle et inhibition de la morsure

Ah le mordillement ; tout un poème !
Il est rare qu'un propriétaire de chien - surtout de chiot - n'ait jamais eu à subir ce comportement qui devient vite envahissant et pénible.
Autant le dire tout de suite, le mordillement est un comportement naturel chez le chiot. Et non seulement il est naturel mais il est aussi nécessaire.

Cet article vous aidera à comprendre pourquoi les chiots mordillent et vous expliquera différentes méthodes pour que ce comportement naturel ne devienne pas une mauvais habitude.

Chiot qui mordille un autre chiot
source : http://nosamisleschiens.fr

vendredi 21 août 2015

Dressage, éducation et renforcement positif

Voilà des termes qui reviennent souvent dès qu'il s'agit d'aborder le sujet des bons comportements à inculquer à son chien.

Y a-t-il une différence entre dresser et éduquer son chien ? Qu'implique exactement le renforcement positif ? Que sont les conditionnements opérants ? Quelle est la différence entre un dresseur et un comportementaliste ?
Autant de questions qui méritent qu'on s'attarde sur quelques explications pour y répondre. Cet article tente d'apporter un éclairage objectif à des termes qui, avec le temps, sont devenus des concepts moraux et subjectifs.

Chien et éducation
source : https://blog.dogbuddy.com

mardi 18 août 2015

Grand Dossier : Tout sur les croquettes

Les croquettes, c'est l'alimentation préférée des propriétaires de chien. Elle est généralement bon marché, facilement disponible et surtout très pratique. Mais le chien, lui, en tire-t-il un quelconque avantage ?

De quoi sont faites exactement les croquettes que nous pouvons trouver en grande surface, en magasin spécialisé voire même dans les cabinets des vétérinaires ? D'où proviennent les matières premières et de quelle nature sont-elles ?
Je vous propose donc une immersion complète à l'intérieur de ces boulettes. Et en parlant de boulette, ne sommes-nous pas en train d'en faire une grosse en nourrissant nos chiens ainsi ?

Croquettes or not croquettes ?
Il y a peut-être quelque chose de pourri au royaume de la pet food...

lundi 17 août 2015

Le chien est-il carnivore ou omnivore ?

Ne vous méprenez pas sur l'apparente simplicité de cette question, ou de ce que pourrait être la réponse la plus évidente. Carnivore ou omnivore, il existe des arguments dans les deux cas.
Cette question contenue dans le titre de cet article amène en fait beaucoup d'autres questions auxquelles il est indispensable d'apporter un éclairage avant de pouvoir répondre.


chien et viande crue
source : http://canineculinaryacademy.com/
Savoir si le chien est un carnivore ou un omnivore est très important car cela permet de déterminer quelle est l'alimentation la plus adaptée à ses réels besoins et à sa nature de chien.

Et cette question de l'alimentation est d'autant plus importante à l'heure où la majorité des chiens est nourrie essentiellement avec des céréales, des sous-produits animaux et des sous-produits végétaux. Autant d'ingrédients qui composent la plupart des croquettes.

Qu'est-ce qu'un chien ?

Comprendre ce qu'est la nature d'un chien d'un point de vue zoologique et physiologique est indispensable pour aborder la question de l'alimentation.

Un chien est un canidé. À ce titre, c'est un mammifère carnivore terrestre à molaires antérieures tranchantes et postérieures broyeuses, aux griffes émoussées, vivant en sociétés, tel que le loup, le chien, le coyote, les chacals et les nombreuses espèces de renard. (1)

Le chien est donc aussi un carnivore. Les carnivores se distinguent par une mâchoire et une denture qui leur permet de tuer et de manger d'autres animaux. On parle notamment de carnassière pour désigner cette dent qui sert aux carnivores à déchirer la viande. Quant aux canines, on les désigne sous le nom de crocs. Elles servent à se planter dans la proie pour la tuer.
Le régime alimentaire naturel d'un carnivore est donc essentiellement composé de chair crue.

dent carnassière chez le chien
Dent carnassière d'un chien - source : https://fr.wikipedia.org/

La domestication n'a-t-elle pas fait évoluer le système digestif du chien ?

Le chien a évolué pendant des milliers d'années de domestication. Sa denture est toujours celle d'un carnassier mais son système digestif, au contact de l'homme, a su s'adapter à des régimes alimentaires plus variés que ceux d'un carnivore sauvage. Alors le chien est-il toujours un carnivore ?
Et c'est là que les ennuis commencent...

Certains vétérinaires qualifient le chien d'omnivore. C'est notamment le cas des docteurs en médecine vétérinaire Pibot, Biourge et Elliott. (2)
En creusant un peu, on constate que :
- le Dr Pibot est responsable des éditions scientifiques et communication pour le groupe Royal Canin
- le Dr Biourge est directeur scientifique nutrition-santé pour le centre de recherche Royal Canin
- le Dr Elliott est directrice scientifique Royal Canin aux États-Unis

Quelle objectivité peut-on attendre de ces vétérinaires ? Sachant qu'ils travaillent tous les 3 pour un acteur majeur de l'alimentation industrielle, grand spécialiste de la croquette bourrée de céréales.
Je n'affirme pas que ces vétérinaires ne savent pas de quoi ils parlent, je soulève juste que leurs propos s'accordent plutôt bien avec les intérêts de leur employeur et des produits qu'ils fabriquent.
Du reste, dans un précédent article intitulé Croquettes : lobby et malbouffe pour les chiens, j'avais déjà abordé les rapprochements entre pet food et vétérinaires.

Mais bon, après tout faisons fi des a priori pour approfondir cette histoire de chien carnivore ou omnivore.
  • Nous avons vu plus haut que le chien est "équipé" comme un carnivore. Phylogénétiquement, il reste un mammifère carnassier.
  • Son tube digestif relativement court est plus représentatif de ce que l'on trouve chez les carnivores.
  • Le chien n'a aucun besoin de glucide. Le chien tire l'essentiel de son énergie des protéines animales et des lipides.
  • Il existe des animaux carnivores et omnivores. L'ours et le raton laveur, par exemple.
  • Contrairement aux loups et aux chiens sauvages, le chien peut digérer les glucides mais sous certaines conditions (cuisson, petite quantité). Le pancréas peut produire les enzymes digestives nécessaires mais une alimentation riche en glucides entraînera une surproduction enzymatique du pancréas.
  • Les molaires postérieures du chien sont plates (dites molaires broyeuses) ; ce qui indiquerait plutôt une tendance omnivore. Mais le chien ne se sert pas (ou peu) de ses molaires pour écraser la nourriture. Contrairement aux omnivores, la salive du chien ne contient pas d'enzyme digestive. De fait, il a plutôt tendance à avaler rapidement sa nourriture car sans nécessité digestive de la mélanger à la salive.
  • La mâchoire du chien, contrairement aux omnivores et aux herbivores, ne s'articulent que de bas en haut.

Les points précédents permettent de dire que le chien reste donc très majoritairement un carnivore avec une petite tendance à l'omnivorie. On parle alors plus volontiers de carnivore non strict.
Bien qu'il soit capable de métaboliser des végétaux et d'en tirer de l'énergie, son métabolisme le prédispose à tirer avant tout cette énergie des protéines et des lipides d'origine animale.


Si vous le voulez bien, partons simplement des postulats suivants.
  1. Dans carnivore non strict il faut comprendre qu'avant tout, le chien est un carnivore.
  2. Contrairement aux protéines et aux lipides, le chien n'a AUCUN besoin de glucide. En bon canidé qu'il est, le chien peut même fabriquer son propre glucose par néoglucogénèse (les acides aminés proviennent essentiellement des protéines des muscles. Ils peuvent être transformés en intermédiaires de la glycolyse, et peuvent donc mener à la formation de glucose). (3)
  3. Une alimentation riche en glucides (même après cuisson) entraîne une sur-production enzymatique au niveau du pancréas. Cela entraîne un ralentissement de la digestion, qui entraîne la fermentation d'une partie des aliments dans l'intestin, qui entraîne des gaz et encourage des troubles digestifs (diarrhées chroniques, pancréatites, insuffisance pancréatique et augmentation des risques de torsion d'estomac). (4)
  4. L'estomac d'un chien met entre 4 et 7 heures pour se vider à partir d'une alimentation riche en viande. Avec un repas sec riche en céréales (la grande majorité des croquettes sont concernées), il lui faudra 15 heures. (5

En conclusion

Le chien domestique n'est pas un loup ou un chien sauvage, c'est certain. Pour autant, tout indique qu'il peut recevoir exactement le même régime alimentaire que les canidés sauvages : des proies crues.
Je n'ai encore rien vu qui puisse s'opposer à ce simple constat. Ceci est un point très important à retenir quand on aborde la question de l'alimentation du chien.

Attention donc à l'industrie alimentaire pour animaux de compagnie et à certains vétérinaires employés par cette industrie qui tenteraient de véhiculer l'idée que le chien se classe parmi les omnivores.
Sa qualification de carnivore non strict ne justifie en rien que la plupart des croquettes qui lui sont proposées contiennent 40 à 45% de glucides - fournis en grande partie par les céréales - et des taux très important d'amidon (glucide complexe). Mais on comprend mieux quand on sait que cet amidon est indispensable à la fabrication des dites croquettes. Indispensable pour le chien, absolument pas !



Références

  1. Canidé - définition Larousse - http://www.larousse.fr/dictionnaires/francais/canid%C3%A9/12696
  2. Encyclopédie de la nutrition clinique féline (p. 445) - Docteurs Pibot, Biourge et Elliott - http://www.ivis.org/advances/rcfeline_fr/A5213.0110.FR.pdf?LA=3
  3. Néoglucogénèse - Wikipedia - https://fr.wikipedia.org/wiki/N%C3%A9oglucogen%C3%A8se
  4. Le métabolisme digestif du chien - Docteur Duprez, chirurgien vétérinaire - http://www.daickoduboisdeliers.fr/metabolisme%20digestif.htm
  5. Physiologie digestive - Docteur Ferran, vétérinaire - http://physiologie.envt.fr/spip/IMG/pdf/Phys_digest_7.pdf

dimanche 9 août 2015

Anxiété de séparation, hyperattachement et détachement

Si votre chien présente des signes de sur-dépendance affective et qu'il ne supporte pas vos absences, les réponses que vous cherchez se trouvent peut-être ici.

Entre l'animal de compagnie et son propriétaire humain, il y a avant tout une histoire d'affect. Mais là où l'humain est dans un besoin affectif quand il décide de prendre un animal pour compagnon, le chien, lui, est avant tout dans une nécessité biologique d'attachement.
Comme le suggèrent Raymond et Lorna Coppinger dans leur livre Dogs : A New Understanding of Canine Origin, Behavior and Evolution, si le chien domestique venait à disparaître, cela ne menacerait pas la vie humaine. En revanche, si l'homme venait à disparaître, la vie du chien domestique serait menacée dans sa forme actuelle.
chien anxieux
source : http://www.ovenbakedtradition.com

Qu'est-ce que l'anxiété chez le chien ?

Il n'est pas toujours simple de définir ce qu'est l'anxiété car il faut d'abord faire la différence entre ce qu'est une émotion, ce qu'est un sentiment et ce qu'est une humeur.

Avec quelques exemples
- La peur est une émotion
- La crainte est un sentiment
- L'anxiété est une humeur

- La colère est une émotion
- La haine est un sentiment
- L'irritation est une humeur (on parlera surtout de mauvaise humeur)

- La joie est une émotion
- L'amour est un sentiment
- La gaieté est une humeur (on parlera surtout de bonne humeur)

L'émotion est brève, intense et impulsive.
Le sentiment est durable et de plus faible intensité que l'émotion. Il est lié aux représentations cognitives et est souvent dirigé vers un "objet" précis (personne, lieu, contexte, événement, etc.).
L'humeur est un état général prolongé et de plus faible intensité qu'une émotion. Il n'est pas spécifiquement dirigé vers un "objet", contrairement aux sentiments.

L'anxiété est donc une humeur.
L'humeur est avant tout biochimique et influence la perception comme les comportements.
En venir à parler de troubles de l'humeur revient surtout à parler d'hyperthymie (excès d'humeur - euphorie ou dysphorie) ou d'hypothymie (insuffisance d'humeur). L'anxiété est une hyperthymie dysphorique.

De manière générale, l'anxiété est un état réactionnel prolongé qui peut être dû à ce que le chien perçoit comme une menace, une impossibilité, une frustration, un inconfort, un malaise, une incertitude ou encore  l'inconnu. Toutes ces situations peuvent générer du stress. Celui-ci, par le biais d'une réaction psychophysiologique, doit normalement permettre à l'organisme de se protéger et de s'adapter face à un élément extérieur déclencheur (stresseur) et menaçant son équilibre. Si l'organisme ne parvient pas à se rééquilibrer pour faire face, cela peut déclencher un trouble de l'humeur. Le stress peut donc générer de l'anxiété. Reste à savoir si le stress est indispensable pour cela ou si l'anxiété peut être déclenchée et entretenue sans stress. Les avis semblent diverger sur ce point.

N'importe comment, l'anxiété est un état invalidant pour le chien car celui-ci, par la perturbation et le déséquilibre de son organisme, se retrouve dans l'incapacité de s'adapter à son environnement.
Les manifestations les plus fréquentes de l'anxiété sont :
- les vocalises (gémissement, hurlements, aboiements)
- le grattage pour tenter de trouver une issue
- le léchage intensif
- les déambulations
- la malpropreté
- la destruction
- le manque d'appétit

Il est à noter que pour certains comportements et autres activités substitutives, le chien anxieux peut avoir du mal à les stopper (c'est aussi le cas des chiens hyperactifs). C'est comme s'il se retrouvait à devoir répéter les mêmes mouvements en attendant de trouver une solution ou de recevoir un signal qui ne vient pas.
On distingue une séquence comportementale en 3 phases distinctes. La phase stimulante, la phase consommatrice et la phase d'arrêt. Certains chiens anxieux semblent bloqués en phase consommatrice.

Qu'est-ce que l'anxiété de séparation ?

L'anxiété de séparation va de paire avec l'hyperattachement (voir plus loin). Cela dit, quand il est rapporté qu'un chien souffre d'anxiété de séparation parce qu'il détruit, devient malpropre, aboie ou essaye de fuguer en l'absence de son propriétaire, il peut s'agir d'anxiété mais pas forcément d'anxiété de séparation.
Une fois le chien livré à lui-même pendant une longue période, il peut très bien connaître une intense frustration due au manque d'activité. Et cette frustration peut conduire à des activités substitutives par besoin de compenser.

Dans le cas d'une véritable anxiété de séparation, le chien souffre d'être trop dépendant affectivement. Il n'arrive pas à être autonome, et en l'absence de son propriétaire, son être d'hyperattachement, le chien se retrouve perdu, désemparé, anxieux.
Cet état est comparable à celui de jeunes chiots qui, une fois éloignés de leur mère, peuvent se mettre à gémir pour l'appeler et la faire revenir parce qu'ils sont perdus sans elle. Mais cette hyperattachement à la mère dans les premières semaines de vie d'un chiot va devoir rapidement diminuer après le premier mois.
Le sevrage aura débuté, et la mère va initier le détachement en tant que processus progressif, naturel et nécessaire au devenir du chiot en tant qu'adulte capable et équilibré.
C'est pour cette raison que l'hyperattachement est aussi caractéristique d'un infantilisme chez le chien.

À quoi reconnaît-on l'hyperattachement ?

Plusieurs signes, mis bout à bout, permettent généralement de conclure à un hyperattachement.
  • Dès que l'être d'attachement s'éloigne, le chien cherchera à le rejoindre au plus vite. De manière générale, il cherchera à être en permanence au contact de son être d'attachement
  • Il ne supporte pas d'être séparé ou alors pas trop longtemps
  • Si une porte se ferme pour l'empêcher de passer, il pourra se mettre à gémir et/ou à gratter
  • Il a des comportements excessifs dès que l'être d'attachement réapparaît. Ce qui peut s'accompagner par quelques gouttes d'urine
  • Il est facilement en état d'hypervigilance au moindre mouvement
  • Il mange le plus vite possible si sa gamelle est éloignée du lieu où se trouve l'être d'attachement
  • Il tente d'établir un maximum de contacts physiques
  • Il est de nature agitée, en excès, a du mal à se canaliser
  • Et il manifeste tous les symptômes de l'anxiété de séparation dès que son être d'attachement n'est plus là

Tous ces comportements vont à l'encontre du développement normal chez le chien. Où celui-ci aurait dû normalement apprendre à se détacher pour devenir plus autonome. Ce qui passe par une meilleure gestion des états émotionnels et par la capacité à pouvoir accomplir certaines tâches seul (se nourrir, se défouler dans le jardin, dormir, jouer).

Certes, le chien sera toujours un animal dépendant. Mais il lui est aussi possible de basculer dans une sur-dépendance affective. Ce qui est nuisible à lui comme à la relation.

Pourquoi apprendre au chien à se détacher ?

C'est une question compliquée pour nombre de propriétaires parce que la présence d'un animal de compagnie répond avant tout à un besoin affectif chez l'homme. Et on attend donc des chiens qu'ils soient attachés à nous comme nous sommes disposés à être attachés à eux.
Cette dépendance affective de la part de nos chiens nous rassure, nous satisfait. Ce faisant, nous les entourons parfois de trop d'attention, de trop de protection et de trop nombreuses marques d'affection. Et ce qui était au départ une dépendance bien naturelle devient une sur-dépendance handicapante et infantilisante pour le chien.

Il est donc tout à fait possible de maltraiter psychologiquement un chien par un trop plein d'amour de notre part. Ceci est expliqué plus précisément et longuement dans l'article : Du manque affectif à la maltraitance psychologique.

Il est alors primordial de comprendre la nécessité biologique du détachement.

Ce détachement est initié par la mère au début du sevrage. Il se poursuivra progressivement jusqu'aux alentours du 4ème mois. Entretemps, la mère aura mis fin à certaines habitudes comme le fait que les chiots dorment avec elle, qu'ils se nourrissent auprès d'elle, qu'ils la suivent partout et qu'ils la sollicitent tout le temps. Elle finira par ne plus du tout tolérer certains comportements.
Peu à peu, les chiots vont devoir apprendre à se gérer, à aller au contact des autres chiens, à explorer et à expérimenter par eux-mêmes.
Cet attachement indispensable au tout début de leur vie et maintenant bel et bien révolu. Cela permettra à ces chiots un naturel développement psychologique qui participera à en faire des adultes équilibrés et un tant soit peu autonomes.

Il n'y a non seulement aucune raison de procéder autrement avec un chiot que l'on vient d'adopter mais en plus, il est salutaire de respecter ce détachement. Malheureusement, de nombreux propriétaires semblent ignorer - parfois volontairement - ce processus pourtant naturel et nécessaire.

Sauf cas extrêmes, un chien sera toujours attaché à son propriétaire. Il ne faut donc pas craindre de se montrer parfois distant, d'interdire l'accès à certaines ressources (notamment affectives), de ne pas répondre aux exigences de sollicitations et de laisser faire le chien dans certaines situations sans chercher à être trop présent voire à le surprotéger. En cas de rencontre avec un autre chien, par exemple.
Il faut l'aider à grandir et non le maintenir à l'état psychologique de chiot ; même si cela peut être rassurant de voir son chien si dépendant et attaché. Parce que cela veut dire qu'il a besoin de vous, comme un enfant a encore besoin de ses parents.

Cela dit, le chien n'est pas un enfant. C'est un chien. Et il grandit vite ! Il a certes besoin de vous mais pour être guidé et non étouffé.

dimanche 2 août 2015

Les comportements d'agression chez le chien

Il existe de multiples situations pendant lesquelles un chien peut adopter des comportements d'agression. Mais avant d'entrer dans les détails de chacune de ces situations, il convient de clarifier ce qu'est un comportement d'agression.

Jusque dans une certaine mesure (voir plus loin La pulsion agressive), les comportements d'agression chez le chien sont parfaitement normaux ; en ce sens qu'ils ne sont pas caractéristiques d'un trouble comportemental. Cela étant, des troubles comportementaux peuvent conduire à des comportements d'agression. Encore faut-il faire la distinction entre un véritable trouble comportemental de type psychogène et ce que l'on peut prendre pour un trouble comportemental alors que le chien ne fait qu'exprimer à sa manière ce qui ne lui convient pas.
Du reste, cette distinction est à faire pour l'ensemble des comportements du chien.



Chien montrant les crocs
source : http://lesurvivaliste.blogspot.fr/

Que sont les comportements d'agression ?

Quand un comportement d'agression se manifeste, il n'y a pas forcément agression derrière. En fait, on peut même dire que la plupart des comportements d'agression sert justement à éviter l'agression. Ils participent avant à tout à un besoin de communiquer et de réduire/éviter les conflits.

Il ne faut pas confondre les comportements d'agression avec les comportements agonistiques.
Les comportements agonistiques incluent des comportements d'agression qui se manifestent aussi bien intraspécifiquement (entre individus de la même espèce) qu'interspécifiquement (entre individus d'espèces différentes) et le plus souvent sous forme de rituels. Dans les comportements agonistiques, il faut aussi inclure le comportement de fuite. Dès lors qu'il y a fuite, il n'y a plus de comportement d'agression.

En éthologie, les comportements d'agression englobe toutes les manifestations de l'attaque, de la défense et de la menace.

Les comportements d'agression peuvent impliquer la dominance (conflit/compétition impliquant au moins 2 individus et l'accès à une ressource ou sa préservation) mais en aucun cas, en ce qui concerne le chien domestique, ils ne peuvent résulter d'un caractère dominant (dominant n'est pas un trait de caractère) ou d'un chien dominant (la hiérarchie de dominance n'existant pas pour le chien domestique, il ne peut y avoir de chien ayant le statut de dominant). Plus de précisions à ce sujet dans l'article : Mythe : hiérarchie de dominance entre l'homme et le chien.

Les comportements d'agression ne sont pas à confondre avec la prédation.
La prédation correspond à des patrons-moteurs (comportements innés déclenchés par un stimulus) qui sont découpés en différentes séquences :
- observation
- traque
- poursuite
- capture
- mise à mort
- transport de la proie
- ingestion.

La prédation vise à se rapprocher pour ensuite capturer là où, dans la plupart des comportements d'agression, il s'agit de mettre/garder à distance.
Les comportements d'agression sont essentiellement d'ordre social et communicationnel là où la prédation n'implique que prédateur et proie ; où le premier n'est motivé que par une ressource alimentaire qui est, chez le chien domestique, une motivation surtout instinctive et non un besoin vital. La prédation n'implique surtout pas de communication. C'est même exactement l'inverse avec des prédateurs qui feront tout pour ne pas signaler leur présence.

Les comportements d'agression se découpent principalement en trois phases :
  1. phase se menace
  2. phase d'agression
  3. phase d'arrêt

1. La phase de menace

Elle est caractérisée par différents comportements qui visent à communiquer par avertissement.
Grogner, montrer les crocs et aboyer sont des comportements de menace.
Les aboiements peuvent être des menaces comme ils peuvent être tout autre chose. Cela va dépendre de leur tonalité, de la répétition dans chaque séquence d'aboiements et de l'espacement entre ces séquences.
Les postures jouent aussi un rôle important dans la phase de menace. Elles peuvent être hautes ou basses selon le contexte, la personnalité ou encore les émotions. La peur n'engendre pas les mêmes postures que la colère.

2. La phase d'attaque

Elle est caractérisée par le fait qu'aucun des individus impliqués n'a cédé le moindre terrain.
- Cela peut être dû à un manque de compréhension des comportements de menace (ce qui est fréquent entre des espèces différentes qui n'ont pas le même mode de communication),
- Cela peut être dû à une motivation égale à accéder à une ressource (sexuelle, alimentaire, de confort, d'affection, ludique) ou à une motivation égale entre celui qui cherche à préserver sa ressource et celui qui cherche à se l'approprier,
- Cela peut être tout simplement dû au fait que la menace qui avait pour but la mise à distance a eu l'effet l'inverse en engendrant un réel conflit.

3. La phase d'arrêt

Elle se manifeste quand l'un des individus renonce à se battre.
Un chien qui se couche sur le dos et reste immobile adopte ainsi une posture de soumission pour signifier à l'autre qu'il souhaite l'arrêt des hostilités. Ce comportement est à l'initiative de celui qui capitule et non le résultat d'une soumission forcé par celui qui veut continuer.

Les principaux contextes des comportements d'agression

Il peut y avoir de multiples raisons pour lesquelles un chien peut adopter un comportement d'agression.
En plus des éléments extérieurs qui vont provoquer ces comportements, il faut aussi y inclure une dimension ontogénétique. C'est à dire l'ensemble des caractéristiques d'un individu qui vont participer à son développement depuis sa conception jusqu'à sa vie adulte (l'inné et l'acquis). Mais le phénotype comportemental (comportements hérités génétiquement) jouera sans doute un moindre rôle par rapport à tous les facteurs environnementaux qui vont façonner le développement psychologique d'un chien.
Sur ce dernier point, la socialisation - primaire comme secondaire - va jouer un rôle très important dans les comportements d'agression.

Voici quelques exemples de contextes pour lesquels ont peut observer des comportements d'agression
  1. L'agression de compétition
  2. L'agression de distancement
  3. L'agression de socialisation/éducative
  4. L'agression d'irritation
  5. L'agression de défense des autres
  6. La pulsion agressive

1. L'agression de compétition

L'agression de compétition se manifeste toujours par rapport à une ressource. Ressource qui sera essentiellement sexuelle, ludique, alimentaire, de confort ou encore d'affection.
Il y a compétition à partir du moment où un chien tente de s'approprier une ressource qui est détenue par un autre ou qu'il cherche à préserver une ressource acquise qu'on veut lui (re)prendre.

La notion de propriété est assez claire chez les chiens.
Ce qu'il est parvenu à prendre est à lui. Si cette ressource reste très proche de lui, elle est toujours à lui et il peut dans ce cas chercher à défendre son bien. Ce qui peut entraîner compétition et comportements d'agression.
La manifestation d'un comportement d'agression est beaucoup moins probable si ce que le chien avait pris auparavant est désormais éloigné de lui et qu'un autre se l'approprie.
Prenez un os de la gueule d'un chien et prenez le un fois que le chien s'en est éloigné, vous verrez que son comportement, dans bien des cas, ne sera pas le même.
Dans le deuxième cas, il n'y a pas eu compétition pour acquérir cette ressource.

2. L'agression de distancement

Cette agression a pour but de maintenir un autre individu à distance ou de faire en sorte qu'il s'éloigne car une zone de sécurité a été franchie ou la fuite n'est plus possible.
Certains chiens vont rester sur place ou faire à peine quelques pas en espérant que l'autre s'éloigne après l'avoir menacé (grogner, montrer les crocs, aboyer, adopter une posture adéquate).
D'autres vont se mettre à courir comme s'ils poursuivaient une proie, ou à reculer pour conserver une distance de fuite raisonnable.

3. L'agression de socialisation/éducative

Dans la plupart des cas, il s'agit d'agressions simulées et très ritualisées afin d'inculquer aux chiots les règles de vie dans un groupe social.
Ce type d'agression a surtout pour vocation d'apprendre aux chiots à se calmer (par immobilisation), à mieux contrôler leur geste et leur morsure et à mieux communiquer/interagir avec leurs congénères. Il est à noter que même si la manifestation de ces comportements éducatifs se fait sans réelle agressivité, les chiots sont tout de même parfaitement capables d'en comprendre tout le sens très vite.

Les comportements simulés sont très présents chez les chiens. Leurs jeux favoris sont des jeux de bagarre et/ou de poursuite ; ce qui n'est jamais qu'un tentative de reproduction de situations réelles.
Le jeu est sans doute le contexte le plus favorable pour que le chien puisse expérimenter et apprendre.

4. L'agression d'irritation

Ce type d'agression peut se manifester si on cherche à prendre une ressource au chien (voir L'agression de compétition) mais aussi si le chien subit une situation contraignante ou aversive.
Marcher sur sa queue, tirer ses poils, le déranger pendant qu'il dort/mange, le forcer à la soumission, le frapper, le menacer, le câliner trop fortement, crier, s'énerver, la douleur, etc.
Toutes ces situations peuvent conduire à des comportements d'agression par irritation.

5. L'agression de défense des autres

Le chien n'est pas directement menacé mais rien ne l'empêche de vouloir défendre les autres (membres intra ou interspécifique du même groupe social ou des individus - peu importe l'espèce - extérieurs au groupe). S'en suit généralement un comportement d'agression de distancement.

6. La pulsion agressive

Dans la plupart des cas, les comportements d'agression sont des comportements réactifs. C'est à dire que le chien réagit à quelque chose qui ne lui convient pas et qui va le pousser à avertir (menacer), à se défendre ou à attaquer. En supprimant l'élément de cause on supprime la conséquence : le comportement d'agression.
Dans d'autres cas, il peut s'agir de pulsions agressives. C'est à dire que le chien est à l'initiative de l'agression ; et ce, sans qu'il y ait forcément d'éléments objectivables pour en expliquer la raison. Ce type de chien est imprévisible et dangereux.
Il est dans leur nature d'être agressifs sans que cela soit à imputer à une race ou à un croisement. Il existe certes des prédispositions génétiques aux comportements d'agression chez certains individus mais les facteurs environnementaux sont davantage déterminants pour façonner des individus aux pulsions agressives.

Faut-il donner des médicaments au chien pour le calmer et qu'il soit moins agressif ?

En premier lieu, la réponse est non !
À moins d'avoir affaire à un vétérinaire-comportementaliste, les comportements d'agression ne sont pas du ressort des vétérinaires. Malgré cela, certains peuvent tout de même être tentés de vous faire une prescription pour des médicaments de type psychotrope.
Avant d'en venir à ce genre d'extrémité, préférez voir un comportementaliste.

Faut-il dresser un chien pour inhiber ses comportements d'agression ?

Plutôt non que oui.
D'abord parce que le chien n'est pas forcément responsable et qu'il ne fait que réagir en chien. Or le dresseur va avant tout agir sur le chien ; même si cela peut s'accompagner de conseils donnés à son propriétaire.
Il importe avant tout autre chose de comprendre ce qui cause ce comportement avant de se pencher sur quoi faire pour éviter cela. D'abord la cause, après la conséquence. Cette approche est davantage celle d'un comportementaliste que d'un dresseur. Ça n'est pas une vérité absolue pour autant.

- Si je veux absolument arracher l'os de la gueule de mon chien et qu'il se met à grogner, il aura une bonne raison pour cela. La seule chose à faire est d'arrêter de vouloir lui arracher cet os et de le laisser tranquille.
- Si je le force à la soumission en l'obligeant à se coucher sur le dos et en le maintenant, là encore il aura des raisons de grogner. La seule chose à faire est d'arrêter de vouloir soumettre le chien et de commencer à l'encourager dans d'autres comportements plutôt que de punir ceux que l'on juge mauvais mais pour lesquels on ne se remet pas en question dans son rôle de guide.
- Si je le menace, lui crie dessus, le frappe ou utilise une quelconque autre forme de contrainte et/ou d'aversion, même chose. En arrêtant de recourir à ces méthodes, on évite aussi que le chien ressente le besoin de se défendre.
- Si mon chien grogne après des humains et/ou des chiens qu'il rencontre dans la rue, c'est peut-être qu'il est en manque de socialisation.

Faut-il stériliser un chien pour inhiber ses comportements d'agression ?

Non.
La castration n'est réellement efficace que pour moins d'un tiers des chiens mâles
(Neilson JC, Eckstein RA, Hart BL - Effects of castration on problem behaviors in male dogs with reference to age and duration of behavior)
Pour plus de détails, voir mon article : Castration et ovariectomie : avantages et inconvénients de la stérilisation.


jeudi 30 juillet 2015

Sevrage et socialisation primaire - À quel moment adopter un chiot ?

Le minimum légal pour l'adoption d'un chiot est de 8 semaines. Le chiot est alors considéré comme viable parce qu'il est sevré.
Le chiot est effectivement sevré mais il n'a pas pour autant fini ses apprentissages naturels pendant sa socialisation primaire.

Chiots en train de manger
source : http://www.chien.nozamis.com

En quoi consiste exactement le sevrage ?

Le sevrage est la période pendant laquelle un chiot va passer d'une alimentation lactée (lait maternel) à une alimentation solide (viande, os charnu, croquettes). Le sevrage n'implique rien d'autre que cela.

Cette période débute généralement aux alentours de la 4ème semaine ; ce qui peut être influencé par la race (gabarit et besoins alimentaires différents), le nombre de chiots à allaiter et la propre capacité de la mère à produire du lait.
Pendant les 3-4 semaines qui vont suivre, plusieurs choses vont changer pour permettre cette transition alimentaire.
  • La mère des chiots va peu à peu restreindre l'accès à ses mamelles. C'est un comportement naturel induit par :
    • la pousse des dents de ses petits qui commencent à faire mal
    • la capacité de la mère à fournir suffisamment de lait à des chiots qui grandissent vite
    • la nécessité biologique à initier la période de détachement
  • Les chiots vont de plus en plus s'intéresser au monde qui les entoure et, notamment, à ce qu'ils peuvent ingérer. Il n'est pas rare de voir pendant cette période des chiots traîner avec curiosité autour des repas de leur mère.
  • La consommation de lait maternel va diminuer en même temps que l'ingestion d'aliments solides va augmenter
Comme je le disais dans mon article "Croquettes : lobby et malbouffe pour les chiens", les propriétaires de chiens ont souvent tendance à penser que les croquettes sont la seule alimentation possible. Le réflexe est le même quand on parle de sevrage et d'alimentation pour les chiots.
Certains conseilleront d'humidifier les croquettes pour les transformer en bouillie. Ceci afin de les rendre plus facilement mangeable par les chiots.
Comme pour l'alimentation des chiens, les croquettes ne sont pas la seule option pour les chiots en plein sevrage. Et heureusement sinon cela ferait des millénaires que l'espèce chien domestique aurait disparu.
Viande crue, os cru, jaune d’œuf cru et légumes cuits sont parfaitement envisageables ; à condition de respecter certaines règles pour les rendre plus facilement mangeables.
Des sites spécialisés en alimentation crue pourront vous fournir de nombreux détails là dessus.
- Tribu carnivore
- B-a-r-f.com
- The Natural Dog - en anglais

La socialisation primaire

Le début de la socialisation primaire coïncide avec le début du sevrage (voir au dessus). Cette période s'étend en moyenne jusqu'aux environs des 3 mois du chiot (12-14 semaines).
On remarque dès à présent que la fin du sevrage et celle de la socialisation primaire ne sont pas identiques. J'insiste vraiment sur ce point car j'entends souvent que le sevrage est confondu avec la fin des apprentissages naturels et que la présence de la mère et de la fratrie n'est plus requise. C'est un abus de langage qui peut conduire à adopter un chiot trop tôt.
En prenant un chiot à 8 semaines, il sera effectivement sevré mais il aura encore des choses à apprendre de ses congénères.

La socialisation primaire - éthologues et biologistes préfèreront imprégnation ou empreinte - est un processus d'apprentissage par lequel le chiot va acquérir les bases de ses compétences sociales. Au-delà de ça, toute cette période va aussi avoir un impact sur son développement et son devenir d'adulte, sur ses capacités cognitives et sur sa personnalité.

Voici une belle analogie avec la socialisation primaire :

"Pour utiliser une métaphore informatique, l'imprégnation change le hardware (puce électronique avec sa vitesse et sa puissance de traitement de l'information et tout la circuiterie électronique), la socialisation ultérieure modifie les softwares, les programmes. Si le hardware est faible, les programmes ne pourront pas tourner de façon optimale. L'imprégnation booste le hardware"
Joël Dehasse - Tout sur la psychologie du chien

1 - l'identification à l'espèce

Pendant la socialisation primaire, le chiot apprend à s'identifier aux autres individus de son espèce. Le chiot sait qu'il est un chien. Dès lors, il sera parfaitement capable de faire la différence entre un chien (même d'une race différente de la sienne) et un individu d'une autre espèce. Pour un chien ayant connu la socialisation primaire, un humain ne peut pas être considéré comme un autre chien.

On peut notamment observer ce phénomène avec la télévision.
Un chien sera généralement assez peu intéressé par ce qu'il se passe dans une télé. En revanche, si des chiens passent à la télé, les sons qu'ils produisent et les mouvements qu'ils font pourront tout à fait le captiver.

2 - la communication

La socialisation primaire permet aussi au chiot d'apprendre à communiquer avec ses congénères. Par communiquer il faut surtout comprendre qu'il s'agit essentiellement de langage corporel et de rituels comportementaux. Toutes les postures et les micro-mouvements qui permettent à un chien de pouvoir interagir avec un autre sont appris pendant cette période de socialisation primaire. De plus, un ensemble de comportements peut faire partie d'un rituel d'interaction qui est parfaitement compréhensible par tous les chiens. Cela aussi le chiot l'apprend. Par mimétisme d'abord, par expérimentation ensuite.

3 - attachement et détachement

Le chiot est parfaitement capable de faire la différence entre n'importe quelle chienne et sa mère. Cet attachement biologique est nécessaire pour lui permettre de se nourrir auprès d'elle, de se coucher auprès d'elle, d'apprendre et de d'être rassuré.
Aux alentours de 4-5 semaines, une fois que le sevrage a débuté, la mère va commencer peu à peu à se détacher de ses chiots. Ce détachement est tout autant nécessaire que l'attachement initial. C'est ce qui va permettre aux chiots de devenir plus indépendants.
La mère va commencer par restreindre les tétées pour finir par complètement refuser.
Elle ira se coucher à l'écart des chiots et refusera qu'ils la suivent partout.
Les jeux entre chiots feront l'objet de toute l'attention de la mère au début. Elle finira par rapidement s'en désintéresser. Une fois qu'elle jugera que ses petits n'ont plus besoin d'elle.
Elle repoussera ses petits s'ils sollicitent son attention et son affection.

En milieu intraspécifique, le détachement est complètement achevé aux alentours de 4 mois pour les mâles. Un peu plus tard pour les femelles.

Il n'est pas nécessaire d'attendre qu'un chiot soit complètement détaché de sa mère pour l'adopter. L'adoption ne fera qu'accélérer ce processus naturel.
En revanche, une fois le chiot adopté, il est très important de respecter la nécessité biologique du détachement.
Plus d'informations à ce sujet dans mon article "Du manque affectif à la maltraitance psychologique".

4 - les auto-contrôles

Derrière ce terme est compris un ensemble d'apprentissages visant à faire acquérir au chiot la gestion de ses émotions, de ses gestes et de sa morsure.
Il est primordial que le chiot apprenne quand il doit s'arrêter dans un comportement qui peut être jugé comme indésirable ; par sa mère d'abord mais aussi par sa fratrie et les autres éventuels chiens qui l'entourent. Cela va lui permettre de mieux maîtriser ses mouvements et ses interactions mais aussi lui apprendra à canaliser son excitation.
Dans la plupart des cas, les auto-contrôles sont le résultat de conflits ritualisés et simulés.

Certains gestes de la mère envers ses petits peuvent paraître brutaux mais il n'y a aucune agressivité, aucune colère et surtout, aucune volonté de faire mal. Les chiots le sentent. Et après une "leçon" donnée par la mère, les chiots n'ont aucune difficulté à retourner jouer ou auprès d'elle.
On peut parfois voir une mère saisir la tête entière (ou une partie de la tête) d'un de ses chiots entre ses mâchoires pour l'inciter à s'immobiliser et à se calmer. Ce que le chiot fait très vite. Elle le laisse ensuite repartir après une éventuelle léchouille. On peut aussi voir une mère poursuivre ses chiots. Ces derniers se couchent à terre et roulent sur le dos pour signifier qu'ils ne veulent pas de conflit.
En revanche, contrairement à une croyance populaire, aucune mère ne prend ses chiots par la peau du cou pour les réprimander. C'est un mythe.
Voir mon article "Prendre un chien par la peau du cou".

Pour le contrôle de la morsure, c'est surtout entre chiots que ça va se passer, et pendant les phases de jeu.
Le rituel consiste à ce que pendant un jeu (de poursuite et de bagarre le plus souvent), l'un des chiots en prenne un autre pour cible et vient lui pincer l'oreille (ça peut aussi être une patte, la queue) avec sa gueule. On ne peut pas vraiment parler de morsure à ce stade. Le chiot mordu ainsi se met à pousser un petit cri, signifiant à l'autre qu'il lui a fait mal. Le chiot mordeur s'arrête. Et les rôles s'inversent. Peu à peu, les chiots vont apprendre ainsi à contrôler leur morsure.
Dans cet apprentissage, il n'y a là encore aucune agressivité. Il n'y a que des chiots débordés par leur excitation qui sont incités à maîtriser leur geste dans leurs interactions avec d'autres chiens.

La socialisation primaire ne se limite pas aux 4 points précédemment abordés mais vous avez là les grands principes.

À quel moment adopter un chiot ?

En partant du principe que vous allez le prendre dans un élevage sérieux, je vous conseille de l'adopter vers ses 3 mois. Et ceci afin qu'il puisse finir sa période de socialisation primaire.

Cela peut représenter des frais supplémentaires pour l'éleveur par rapport à un autre qui vendrait son chiot à 8 semaines. Cela peut aussi être une source de frustration pour les futurs propriétaires qui doivent attendre 1 mois de plus que le délai légal. Délai légal qui est une simple indication et non une directive. Mais tout cela en vaut franchement la peine.

Si vous tombez sur un éleveur pressé de vendre, méfiez-vous. Si en plus il vous pose peu de questions sur votre environnement et la manière dont vous allez vous occuper du chiot, méfiez-vous doublement. Et si en plus il n'a pas veillé à commencer une socialisation à l'homme, fuyez !
Pensez aussi à vérifier tous les documents liés à la vente qu'il doit vous remettre : http://www.scc.asso.fr/Documents-du-chien

Cela vaut la peine d'attendre les 3 mois du chiot car il aura alors toutes les bases sociales et comportementales nécessaires pour son équilibre comme pour son développement.
Adopter un chiot à 8 semaines (ou pire, avant !) c'est prendre le risque de voir apparaître plus tard un déficit dans les auto-contrôles. Ce qui peut conduire plus facilement à des troubles hyper (excitation, activité) avec des chiots qui ont du mal à se canaliser et à maîtriser leurs gestes. Ils sont plus maladroits, plus brutaux voire même, parfois, plus agressifs.
Retiré trop tôt, un chiot peut aussi montrer des signes de sur-dépendance affective. Le risque est moins élevé pendant qu'il est en pleine période de détachement à la mère. Cela est aussi en bonne partie de la responsabilité des propriétaires que de veiller à ce que leur chien ne soit pas hyper-attaché à eux.

La socialisation primaire est ce qui va permettre à un chiot de se construire psychologiquement. Interrompre cette période d'apprentissages qui seront des acquis pour la vie c'est prendre un risque certain quant à l'équilibre psychologique du futur chien. Et cela aura inévitablement un impact sur la relation qu'il entretiendra avec l'homme.

mercredi 29 juillet 2015

Croquettes : lobby et malbouffe pour les chiens

À notre époque, quand on réfléchit à la manière dont nous pouvons nourrir nos chiens, le réflexe est presque toujours de penser aux croquettes.
C'est devenu tellement courant de les nourrir ainsi que c'est maintenant une norme ; et nous ne nous posons plus de question sur le bien-fondé d'une telle alimentation.
Si même les vétérinaires en vendent dans leur cabinet, c'est que ça doit être bon pour le chien.

Pour bien comprendre comment les croquettes sont devenues une norme, il faut avant tout aborder le sujet d'un très important lobby de l'alimentation industrielle pour animaux de compagnie.
Fabricants de croquettes, organismes de recommandations en matière de santé et de nutrition, écoles de vétérinaires et vétérinaires eux-mêmes se livrent depuis plusieurs années à un "drôle" de jeu.



Croquettes : lobby et malbouffe pour les chiens
source : http://nosamisleschiens.fr/

Un lobby gigantesque pour modeler les pensées

Nous savons tous à quel point les fabricants et les publicitaires peuvent se montrer inventifs afin d'orienter nos achats. Des milliards sont dépensés chaque année pour tout ce qui peut servir à (mieux) vendre un produit. Les techniques sont donc éprouvées et parfaitement rodées pour que cela puisse se justifier par un retour sur investissement.
Ce n'est pas différent en ce qui concerne l'alimentation industrielle pour chiens, et en particuliers les croquettes.

Il a donc fallu trouver un moyen d'insinuer dans la tête des propriétaires de chiens que les croquettes pouvaient remplir tous les besoins nutritionnels et qu'en plus elles étaient bonnes pour la santé. C'est là qu'interviennent les organismes de recommandations en santé et en nutrition.
Ces organismes sont en fait des regroupements de professionnels qui vont former d'autres professionnels et/ou leur fournir les recommandations nécessaires à l'exercice de leur métier et à leur communication avec les propriétaires de chiens.

Un "bref" exemple avec l'une d'entre elle.

En France, il y a l'AFVAC (Association Française des Vétérinaires pour Animaux de Compagnie). Cette association forme en continu des vétérinaires après l'obtention de leur diplôme.
Sur la page d'accueil de leur site Internet - http://www.afvac.com/ - on retrouve dans la catégorie "Grands partenaires de l'AFVAC" :
- Axience - industrie pharmaceutique
- Hill's - industrie alimentaire
- Merial - laboratoire pharmaceutique
- Royal canin - industrie alimentaire
- Virbac - laboratoire pharmaceutique

Et ici, la page Partenaires : http://www.afvac.com/fr/document/partenaires/index.htm

Le rapport d'activité 2013/2014 de l'AFVAC donne les chiffres suivants pour l'investissement des partenaires :
- Séminaires Sections Régionales : 413 954€
- Séminaires Groupes d'Études : 343 258€
- Séminaires spéciaux (soirée ASV...) : 44 057€
- Congrès (partenariat, exposition commerciale, encartage) : 1 010 360€
- Publicité PratqueVet : 46 444€

Soit un investissement total de 1 858 073€

Les subventions des partenaires représentent dans le budget annuel de l'AFVAC :
- Séminaires Sections Régionales : 53,3%
- Séminaires Groupes d'Études : 41,6%
- Séminaires spéciaux (soirée ASV...) : 17,4%
- Congrès (partenariat, exposition commerciale, encartage) : 20,14%

Ces seules informations suffisent à se poser la question de l'indépendance d'une association comme l'AFVAC. Au-delà de ça, on peut aussi de poser la question suivante : quel peut être l'intérêt de grandes industries alimentaires et pharmaceutiques à investir autant d'argent dans une association qui forme des vétérinaires en continu...

Un des groupes d'études de l'AFVAC est particulièrement intéressant : le GENAD ( Groupe d'Étude en Nutrition, Alimentation et Diététique). Il est intéressant parce que l'un de ses membres, M. Blanckaert, est aussi consultant chez Mars Petcare (Royal canin) depuis 2010.

Il y a aussi les AFVAC Juniors. Voici ce que nous en dit le site de l'AFVAC : "Les AFVAC Juniors ont été créées au sein des quatre écoles vétérinaires depuis plus de 10 ans. Elles sont animées par des étudiants volontaires organisés au sein d’un bureau dont la tâche essentielle est la création d’évènements scientifiques dans chaque école, et la présentation de l’AFVAC et ses publications à l’ensemble des étudiants vétérinaires."

Trois rapports d'activité sont disponibles. Deux pour l'ENV (École Nationale Vétérinaire) d'Alfort (2007-2008 et 2008-2009) et un pour l'ENV de Lyon.
Parmi les informations données, voilà ce que l'on peut trouver :

- Soirée réalisée avec le soutien de Royal canin
- Soirée sur la démarche diagnostique à adopter en cancérologie, sponsorisée par Hill's
- Conférence sur les urgences, en association avec Royal canin
- Conférence sur la gestion du prurit, sponsorisée par Hill's
Et je ne parle même pas du même genre d'événements sponsorisés par l'industrie pharmaceutique.
Tout cela commence à faire beaucoup !

Pour plus d'informations sur ces associations (AAHA, AAFCO, WASVA, FEDIAF et AFVAC) aux recommandations sans doute pas si neutres, je vous invite à lire l'excellent livre-enquête de Jérémy Anso : Un poison nommé croquette.
C'est ce même livre qui m'a incité à vérifier par moi-même certaines informations avant de vous les livrer sur ce blog.



Infographie : le lobby des croquettes
source : Dur à avaler




Une chose est certaine quand on approfondit ce sujet : c'est qu'entre ceux qui forment les vétérinaires (ENV, Associations de formation en continu), les fabricants de croquettes et les vétérinaires eux-mêmes, il y a de nombreux rapprochements qui ne peuvent pas être mieux désignés que par le terme de lobby.
Il ne faut donc pas s'étonner de voir de grands présentoirs Royal canin, Hill's ou encore Purina Pro Plan envahir les cabinets de vétérinaires. Du coup, ces marques jouissent d'un gage de confiance certain parce qu'elles sont présentes dans le lieu même où, aux yeux de beaucoup, se trouve un expert en santé et en nutrition. Les fabricants de coquettes ne pouvaient pas rêver meilleure publicité.

Tout cela ne serait pas un problème s'il n'y avait rien à redire sur les croquettes. Or, non seulement leur composition est susceptible de poser de sérieux problèmes de santé mais les croquettes présentent aussi l'inconvénient de proposer une activité alimentaire très pauvre pour le chien.
En fait, le seul avantage des croquettes est pour le propriétaire du chien. C'est pratique !

Pour développer ces derniers points, il convient de commencer par parler du métabolisme digestif du chien


Le métabolisme digestif du chien

source :  Docteur Duprez, chirurgien vétérinaire et président du groupe de chirurgie vétérinaire français - Métabolisme digestif du chien)

Le chien est un carnivore. Mais contrairement aux chats et aux loups qui eux sont des carnivores strictes, le chien, lui, est devenu un carnivore non strict.
Cela veut dire que son système digestif est essentiellement conçu pour métaboliser une grande quantité de protéines animales mais qu'il peut aussi assimiler d'autres aliments. À condition que ces aliments soient en petite quantité et intégrés comme aide à la digestion et non comme apport supplémentaire de nourriture.

Contrairement à l'homme, la salive du chien ne possède ni amylase (enzyme permettant le catabolisme des glucides complexes - l'amidon) ni cellulase (enzyme permettant le catabolisme de la cellulose - glucide aussi et principal constituant des végétaux). Chez le chien, ce travail de dégradation des glucides reviendra donc entièrement au pancréas.
Plus l'alimentation du chien est riche en glucides, plus le pancréas est sollicité.
Mais par un merveilleux "hasard", les fabricants de croquettes ne sont pas tenus d'indiquer la teneur en glucides sur leurs produits. Les associations de recommandations n'ont sûrement pas jugé cela nécessaire...

Et il se trouve que l'amidon est un facteur important dans la fabrication d'une croquette. C'est ce qui en fait un aliment solide et non de la poussière. J'y reviendrai plus tard.

Une cuisson prolongée et à plus de 100° permet de déstructurer une partie des glucides contenus dans les aliments ; améliorant ainsi leur digestibilité. Pour autant, cela ne prive pas le pancréas d'une surproduction enzymatique. Cela à pour conséquence un ralentissement de tout le processus digestif.

Et voilà la conclusion du Dr Durpez :

"Ce ralentissement entraîne la stagnation des aliments au niveau de l'estomac, puis de l'intestin grêle, où les aliments vont fermenter de longues heures, ce dernier n'étant pas en capacité de les absorber correctement. Ces résidus alimentaires non absorbés pénètrent alors dans le gros intestin (côlon), où une flore microbienne très abondante les dégrade sous forme de gaz, qui seront évacués.

Les conséquences pathologiques les plus fréquentes d'un excès de glucides et en particulier de glucides complexes (amidon essentiellement) sont, sur un court terme, des troubles du transit (flatulences et diarrhées) et un accroissement possible des risques de torsions d'estomac (hypothèse vétérinaire récente) ; et à plus long terme, les pancréatites (inflammations du pancréas) et les insuffisances pancréatiques (dans le cas d'une consommation excessive et régulière d'hydrates de carbone)"


La composition des croquettes

Comme expliqué auparavant, aucune croquette ne peut se passer d'amidon. Et parmi les aliments les plus riches en amidon on trouve surtout des féculents (céréales, tubercules, légumineuses). Rien d'étonnant donc à ce qu'on retrouve ce type d'aliment dans les croquettes.
Ajoutons à cela que plus on remplace la viande par des féculents et plus le coût de fabrication baisse. Cela fait 2 très bonnes raisons pour les fabricants d'incorporer des féculents dans leurs croquettes ; et ce, même dans des proportions qui ne correspondent pas aux besoins nutritionnels du chien ni à sa capacité à les digérer correctement. On a sans doute là la principale cause de troubles digestifs chez le chien et des pathologies qui y sont associées (voir au dessus).

De nombreuses marques de croquettes emploient des céréales parmi les premiers ingrédients d'une composition. Certaines de ces marques ne donnent même aucune précision quant à l'origine des céréales (blé ? maïs ? riz ?). Suggérant qu'il peut s'agir de sous-produits végétaux (qualité nutritionnelle faible, impropres à la consommation humaine).

Les pires croquettes sont sans doute celles que l'on peut trouver en grandes surfaces (Frolic, Friskies, Pedigree, Fido). Trop pauvres en protéines animales (et souvent d'une qualité douteuse - sous-produits) et trop riches en glucides. Tout l'inverse de ce qu'il faudrait à un chien.
Celles que l'ont trouve en magasins spécialisés ou dans les cabinets de vétérinaires (Royal canin, Hill's, Pro Plan, Eukanuba) ne sont guère mieux. Là encore, trop pauvres en protéines animales (et beaucoup de sous-produits) et trop riches en glucides.
Je pourrais détailler la composition de chaque paquet de croquettes mais ce serait un travail extrêmement long et fastidieux. Je vous invite donc à regarder par vous-mêmes la composition des croquettes.

De manière générale, évitez celles dont des féculents (surtout des céréales en fait) figurent parmi les premiers ingrédients. Évitez aussi celles dont l'origine des produis n'est pas clairement définie ou comprenant beaucoup de sous-produits (animaux et végétaux).
Rien qu'avec ça, vous supprimez la plupart (toutes ?) les croquettes que l'ont peut habituellement trouver dans le commerce.

Pour être parfaitement clair, à mon sens, il n'existe aucune bonne croquette ; il en existe juste de moins mauvaises que d'autres.

Voici une excellente infographie sur la manière de comprendre la composition des croquettes :
http://www.primitif-addict.com/general/infographie-arnaque-croquettes-chien/

Comparaison entre plusieurs croquettes

À titre d'exemple, prenons les compositions de plusieurs produits - parmi les marques les plus connues et respectées - et comparons avec Orijen. Une marque beaucoup moins connue.
Tous les ingrédients en rouge sont soit d'une origine douteuse (aucune précision) soit des ingrédients susceptibles d'être très riche en glucides (ce qui est beaucoup moins un problème s'ils se retrouvent en fin de composition car alors ils ne constituent qu'une toute petite part de la composition totale).

Royal Canin Selection Premium Croc+

Ingrédients : céréales, viande et sous-produits d'origine animale, huiles et graisses, extraits de protéines végétales, sous-produits d'origine végétale, minéraux, levures.

Royal Canin Maxi Adult

Ingrédients : maïs, protéines de volaille (déshydratées), farine de maïs, graisses animales, viande de porc (déshydratée), gluten de maïs, protéines animales (hydrolysées), pulpe de betteraves déshydratées, minéraux, huile de poisson, huile de soja, levures, hydrolysat de crustacés (source de glucosamine), hydrolysat de cartilage (source de chondroïtine). 

Pro Plan Adult Large Breed Robust

Ingrédients : poulet (19 %), blé, maïs, gluten de maïs, protéines de volaille déshydrogénées, riz (7 %), pulpe de betteraves déshydratée, autolysat, fibre de blé, protéines de poisson déshydrogénées, graisse d'origine animale, minéraux, œuf déshydraté, huile de poisson.

Frolic Complete, boeuf

Ingrédients : céréales (dont 4 % de blé), sous-produits d'origine végétale, viande et sous-produits d'origine animale (dont 4 % de viande fraîche dont 4 % de bœuf), huiles et graisses (dont 1 % d'huile de tournesol et 0,25 % d'huile de poisson), légumes (4 % de carottes), minéraux, extraits de protéines végétales, poisson et sous-produits de poisson.

Pedigree Adult, 5 variétés de viande et légumes

Ingrédients : céréales (dont 14 % de maïs, 10 % de blé complet), viande et sous-produits d'origine animale (dont 4 % de 5 variétés de viande contenues dans les croquettes brunes), huiles et graisses (dont 0,25 % d'huile de poisson, 0,4 % d'huile de tournesol), extraits de protéines végétales, sous-produits d'origine végétale (dont 2 % de pulpe de betteraves sucrières), minéraux, légumes (dont 4 % de carottes contenues dans les croquettes oranges, 4 % de haricots contenus dans les croquettes vertes).

Orijen Adult

Ingrédients : viande fraîche de poulet désossée (22 %), viande de poulet déshydratée (15 %), foie de poulet frais (4 %), hareng frais entier (4 %), viande de dinde fraîche désossée (4 %), viande de dinde déshydratée (4 %), foie de dinde frais (3 %), œuf entier frais (3 %), sandre frais sans arêtes (3 %), saumon frais entier (3 %), cœurs de volaille frais (3 %), cartilage de volaille (3 %), hareng déshydraté (3 %), saumon déshydraté (3 %), huile de foie de volaille (3 %), lentilles rouges, petits pois, lentilles vertes, alfalfa séché au soleil, igname, fibres de petits pois, pois chiches, potiron, courge butternut, feuilles d'épinards, carottes, pommes Red delicious, poire Bartlett, canneberges, fucus, racines de réglisse, racines d'angélique, fenouil, soucis, fenouil doux, feuilles de menthe poivrée, camomille, pissenlit, sarriette, romarin.

Comme on dit, il n'y a pas photo !


Croquettes et activité alimentaire

Un autre problème avec les croquettes est celui de la très pauvre activité alimentaire que cela offre à nos chiens.
Dans de nombreux cas, les croquettes ne se croquent pas ou peu, elles s'engloutissent. Cela engendre deux problèmes :

- Certains chiens peuvent éprouver le besoin de compenser la faible activité masticatoire pendant les repas. Ils peuvent par exemple mordiller davantage, surtout s'ils sont jeunes. Attention, ce n'est pas la principale explication pour les mordillements du chiot mais cela peut avoir une incidence sur la fréquence et l'intensité.

- L'autre problème, plus sérieux, est le manque de satiété. Si les croquettes s'avalent vite (les temps de repas avec les croquettes sont généralement très courts), les signaux de satiété n'ont pas toujours le temps de parvenir au chien. Il peut donc toujours éprouver le besoin de manger même s'il a obtenu la quantité qu'il lui fallait. Y aurait-il une relation entre les cas croissants d'obésité et les croquettes ? Je le pense ; même si ce n'est certainement pas la seule raison.
Les mécanismes biochimiques de satiété ne font effet qu'après une vingtaine de minutes. La fatigue masticatoire participe aussi à indiquer au chien qu'il a assez mangé.


Croquettes et hygiène dentaire

Et enfin, pour conclure, les croquettes sont aussi certainement responsables d'une mauvaise hygiène dentaire. Cela est principalement dû à la friabilité de cet aliment qui, en se décomposant en minuscules grains, s'insère facilement entre les dents du chien. Tartre, gingivite, dents abîmées et mauvaise haleine ne sont pas loin. 80% des chiens de plus de 3 ans auraient des problèmes bucco-dentaires (source Pedigree).
Mais qu'on se rassure, un fabricant de croquettes comme Pedigree a aussi pensé à fabriquer des bâtonnets anti-tartre. Vendus sous l'appellation Dentastix, ces bâtonnets sont censés fournir au chien une meilleure hygiène dentaire.

Ingrédients : céréales, sous-produits d'origine végétale, minéraux (dont 2,5 % de tripolyphosphate de sodium), viande et sous-produits d'origine animale, extraits de protéines végétales, huiles et graisses.

Je vous laisse juge...

Oubliez les friandises pour hygiène dentaire et autre dentifrices spéciaux. Le mieux que vous puissiez donner à votre chien pour ses dents est un vrai os cru.
Cela va lui permettre de se nettoyer les dents naturellement et d'avoir une activité masticatoire satisfaisante. J'insiste sur le "cru". Ainsi les os sont beaucoup moins cassants et on évite les esquilles.


En conclusion

Les croquettes présentent de nombreux inconvénients (santé, hygiène dentaire, comportement alimentaire) pour les chiens et aucun avantage. Le seul avantage notable est au bénéfice du propriétaire pour qui ce type d'alimentation est très pratique et possiblement peu coûteux.
Sur ce dernier point, je ne suis vraiment pas sûr que l'économie réalisée avec des croquettes de mauvaise qualité soit un bon calcul. Compte tenu des risques pour la santé du chien et des visites chez le vétérinaire que cela peut impliquer, cette économie pourrait avoir à terme un sérieux coût.
Fort heureusement, il existe d'autres types d'alimentation pour le chien ; beaucoup plus respectueux de son système digestif, de ses besoins et de sa santé. Je pense surtout au Barf et au Raw feeding.
J'en parlerai certainement dans de futurs articles.