La peur peut être une émotion difficile à gérer chez le chien. Son premier réflexe sera de fuir ce qui lui fait peur. Ce faisant, il ne fait pas face et ne permet pas à son organisme de s'adapter à la situation. À chaque fois qu'il sera confronté à la même situation, il connaîtra la peur ; et très probablement une intensification de celle-ci pouvant aller jusqu'à la phobie.
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Habituation et sensibilisation, qu'est-ce que c'est ?
L'habituation est un processus psychophysiologique qui va diminuer l'intensité d'une réponse émotionnelle face au stimulus qui l'a déclenché. La locution "réponse émotionnelle" ne se limite pas ici aux seules émotions. Elle peut aussi impliquer les sentiments, l'humeur et le stress en tant que réponse de l'organismeLa sensibilisation est l'opposée de l'habituation. C'est un processus psychophysiologique qui va augmenter l'intensité d'une réponse émotionnelle face au stimulus qui l'a déclenché.
L'habituation et la sensibilisation ne sont pas forcément volontaires. Les mécanismes psychophysiologiques de l'un ou de l'autre peuvent parfaitement se déclencher sans que l'on en ait conscience.
En revanche, avoir conscience de ce qu'il peut se passer dans la tête de nos chiens par certains de nos actes permet d'avoir un contrôle dessus. Et c'est ainsi que nous pouvons véritablement guider nos chiens à gérer leurs émotions.
La sensibilisation involontaire
Face à un chien qui manifeste de la peur, le réflexe est bien souvent d'avoir envie de le rassurer et de le réconforter. Pour cela, on le caresse, on le prend dans nos bras voire on l'éloigne de ce qui lui fait peur.C'est normal, c'est humain mais c'est surtout ce qu'il faut éviter de faire.
En agissant ainsi, on va empêcher le chien d'apprendre à faire face au stimulus qui a déclenché cette peur. Pire, par notre attention et nos gestes, on va le conforter dans sa peur. À partir de là, et sans en avoir conscience, on est dans la sensibilisation. C'est à dire qu'on va augmenter l'intensité de sa réponse émotionnelle à chaque fois qu'il sera en présence du même stimulus.
L'habituation volontaire
Il faut parfois se faire violence pour s'empêcher d'éloigner son chien de la source de sa peur. Il peut même paraître assez cruel de le laisser se débrouiller face à une situation qui lui fait peur. Pourtant, c'est exactement ce qu'il faut faire.Quand le chien manifeste de la peur, il faut surtout rester neutre. On ne modifie en rien son comportement voire on ignore volontairement et totalement le chien.
En agissant ainsi, on va permettre au chien d'apprendre à faire face au stimulus qui a déclenché cette peur. Mieux, en l'ignorant ou en restant neutre, on lui montre qu'il n'a aucune raison d'avoir peur.
À partir de là, on est dans l'habituation. C'est à dire qu'on va diminuer l'intensité de sa réponse émotionnelle à chaque fois qu'il sera en présence du même stimulus.
Les chiens sont très sensibles à nos propres émotions et à la manière dont on les manifeste. À tel point d'ailleurs que leur perception de nos émotions est un précieux guide pour eux comme pour certains de leurs comportements.
Généralisation et anticipation
Imaginons un chien qui est exposé pour la première fois à des enfants qui hurlent dans la rue ou dans la cours d'une école. Il n'a pas la moindre idée de ce dont il s'agit. Cela va déclencher une réponse émotionnelle qui va elle-même engendrer du stress afin que l'organisme du chien puisse se protéger et s'adapter.Le propriétaire voyant son chien apeuré décide de faire demi-tour et de l'éloigner des enfants qui hurlent. L'intensité du stimulus diminuant avec l'éloignement, le chien va peu à peu s'apaiser.
L'organisme du chien n'a pas eu à faire d'effort d'adaptation puisque la fuite a été préférée. Il y a donc fort à parier qu'à chaque fois que le chien entendra de nouveau un enfant hurler, il prendra peur. Et cela ira même probablement en s'intensifiant si à chaque fois le chien peut fuir ou si le propriétaire l'éloigne.
Cette sensibilisation au hurlement des enfants peut ensuite se généraliser aux enfants seuls. Le chien aura associé que le hurlement venait des enfants et donc que ceux-ci, même sans hurler, sont une source de peur.
La généralisation peut aussi s'étendre à d'autres cris.
Par la suite, le chien pourra même en venir à anticiper sa peur à l'approche des lieux où il y a habituellement des enfants.
Face à l'exposition de stimuli très proches du stimulus anxiogène initial, la généralisation peut aussi s'observer dans l'habituation
Il y a généralisation si la diminution de la réaction émotionnelle en présence d'un nouveau stimulus, semblable au stimulus qui a enclenché le processus d'habituation, apparaît plus vite que si ce stimulus avait été présenté pour la première fois et sans habituation.
Ne jamais forcer !
Il y a une nette différence entre guider son chien à affronter ses peurs et le forcer à le faire.Imaginons qu'un chien voit un chat pour la première fois. Il ignore ce que c'est ; il commence à avoir peur. Le chat représente donc le stimulus qui provoque cette peur. Si le chat se rapproche ou si on force le chien à s'approcher du chat, la réponse émotionnelle va augmenter. Le chien aura de plus en plus peur.
Ça n'est pas une bonne solution. Pour qu'une habituation puisse s'opérer de manière efficace, il faut que le chien puisse s'apaiser. Il faut donc veiller à ce que le chien ne fuit pas mais il faut aussi veiller à ce que l'intensité du stimulus n'augmente pas. Ensuite, il faut laisser faire le temps.
Sans que nous ayons besoin d'interagir avec le chien, notre seule présence est déjà un élément rassurant. Cela peut aider le chien à s'apaiser plus vite. Surtout si on ne manifeste aucune inquiétude.
Il faut donc accompagner et non forcer.
La fuite comme le rapprochement peuvent entraîner une sensibilisation. Il faut que le chien puisse être dans une zone où l'intensité du stimulus est relativement stable. L'organisme s'adapte beaucoup plus vite à des éléments fixes.
Avec le temps et la répétition, la réponse émotionnelle va diminuer progressivement. On sera dans l'habituation.
Il faudra alors répéter régulièrement le processus d'habituation pour que le chien soit parfaitement capable de gérer la situation qui lui faisait peur. L'absence de répétition d'exposition à un stimulus anxiogène peut amener à une déshabituation.
Les manifestations physiologiques et comportementales de la peur
Les principales réactions physiologiques en cas de peur chez le chien sont :- les poils qui se dressent
- une augmentation du rythme cardiaque
- une contraction musculaire
- des tremblements
- des halètements
- une augmentation de la salivation
- des tentatives de fuite
- l'immobilité
- l'agression
- des oreilles baissées
- la queue entre les pattes
- un corps qui s'affaisse
- une tête et un regard qui se détournent
Temps et intensité
Plus le stimulus qui déclenche la peur est de faible intensité, plus rapide sera la diminution de la réaction émotionnelle. Et plus le stimulus qui déclenche la peur est de forte intensité, moins rapide sera la diminution de la réaction émotionnelle.La fréquence de répétition d'exposition à un stimulus anxiogène influe sur l'efficacité et la rapidité de l'habituation. À intensité égale, plus la fréquence d'apparition du stimulus anxiogène sera élevée et moins grande sera la réaction émotionnelle du chien.
Cas pratique
Largo est un chien qui a peur des coups de tonnerre. À chaque fois qu'il les entend, il gémit, tremble, se tasse ; en bref, il manifeste réellement sa peur et a beaucoup de mal à s'apaiser.Sensibilisation
Son propriétaire décide d'ouvrir la fenêtre pour exposer Largo à des coups de tonnerre plus forts en espérant qu'il s'y habituera plus vite. L'intensité du stimulus augmente, Largo a de plus en plus peur. C'est contre-productif et susceptible d'entraîner une sensibilisation.Le propriétaire décide d'emmener très vite Largo dans une pièce insonorisée. Les coups de tonnerre sont étouffés et Largo s'apaise rapidement. Cette stratégie d'évitement est aussi contre-productive.
Habituation
Le propriétaire, voyant son chien manifester sa peur, décide de se poser tranquillement sur son canapé et de ne manifester aucune inquiétude. Il fait mine de ne prêter aucune attention au chien. Les coups de tonnerre continuent avec une intensité égale.Largo, qui aura d'abord connu une période de peur intense, va arriver grâce à l'attitude de son propriétaire et à l'intensité égale des coups de tonnerre à une période de stabilisation. Quelques temps après, il commencera à s'apaiser.
Par la suite, son propriétaire pourra exercer Largo a avoir de moins en moins peur des coups de tonnerre. Il peut s'aider pour cela d'un support sonore qui va reproduire le bruit du tonnerre. En en contrôlant le volume, il va d'abord exposer Largo à un stimulus de faible intensité et attendre d'observer la diminution des réactions émotionnelles de son chien. Il répètera l'exercice quelques fois et en augmentant progressivement le volume.
Largo devrait par la suite arriver à beaucoup mieux gérer son émotion face à de véritables coups de tonnerre.
bonjour,
RépondreSupprimerj'aime beaucoup votre article.
l'exemple de largo est pratique a la maison car c'est deja securisant pour lui mais par exemple mon probleme c'est :
quand mon chien est dans la rue et qu'un groupe d'enfants ou d'adultes arrive en courant et en criant, que mon chien a peur...
je ne peux pas faire demi-tour, ne doit pas aller vers le groupe par crainte qu'il en morde un ... que dois-je faire dans ce cas?
Bonjour,
RépondreSupprimerOn parle très souvent du chien qui a peur du bruit, du tonnerre, de l'aspirateur, du balai qui tombe....
Je n'ai jamais vu un commentaire sur le chien qui a peur des odeurs !
(l'odeur lui rappel ses craintes des chiens) éh oui j'ai décrété que mon chien était momentanément "dogophobe" !
Mon chien paniquait lorsqu'une vague effluve canine passait dans sa truffe.
Pourtant aucun toutou a l'horizon.
Né mal voyant, il se mettait à hurler des aboiements tonitruant, aplatit au sol à regarder un rocher de la taille d'un grand chien, d'un buisson voir à attaquer un arbre.
Il a vécu et vit avec un vieux pit-bull (décédé à 13 ans) et un chihuahuas. Le pit-bull était plus cool que le chihuahuas que je considère plutôt comme un Gremlin.
Il n'y a aucun soucis avec la chienne de mon frère, le vieux mâle malamouth et la boston de ma fille, le border de mon fils et l'autre border de ma fille ainsi que son loup tchèque sa husky,
Il y a 6 mois environ, nous avons vu une comportementaliste et en une leçon de 1h30 env je suis ressortie avec un autre chien au bout de la laisse ( c'est une image évidement ;-) mon chien est toujours avec moi.
Le problème n'est pas résolut mais le progrès est là:
Il peut avoir décelé l'odeur d'un autre chien mais il pourrait réagir par des petits aboiements si le chien passe à moins de trois à quatre mètres voir s'énerver et être un peu plus persuasif pour lui-même si l'autre chien approche trop près. En effet, les autres chiens sont juste curieux de voir un petit hystérique de trois kilos effrayé.
Je continue, je persévère et je suis sur qu'on y arrivera. Je lis les recommandations sur le net et j'essaie d'être à la hauteur des programmes de désensibilisation.
Il aura 3 ans le 27 mars 2019.
Merci à tous ceux qui ont passé des brevets et autres spécialistes comportementaliste pour nous avoir aidé!
Tout de bon aux autres lecteurs ou lectrices.
Rose